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0384 L'art Greco-Bouddhique du Gandhâra : vol.2
L'art Greco-Bouddhique du Gandhâra : vol.2 / Page 384 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000285
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360   REVUE GÉNÉRALE DES IMAGES.

fàcheuse expérience, toujours répétée, nous conduit à poser : le plus souvent l'école du Gandhâra ne nous présente pas des individus, mais seulement des castes. Si nous pouvons distinguer à première vue un paria d'un grand seigneur ou un religieux d'un laïque, rien dans leur traitement artistique ne nous permet — abstraction faite de tout caractère adventice — de choisir entre une femme el. une déesse, ou encore entre un roi, un dieu et un Bodhisattva.

11 serait donc plus que superflu de demander par exemple à nos .sculpteurs un Mûra ou un Indra aussi immédiatement reconnaissables qu'un Jupiter ou un Bacchus. Est-ce à dire qu'ils aient oublié en route ou négligé d'utiliser sur place les ressources si variées du répertoire classique ? Nous avons déjà constaté qu'il n'en était rien; seulement ils les ont prodiguées au hasard et sans méthode, d'après l'inspiration du moment. Tout au plus croyons-nous apercevoir entre eux une sorte d'entente tacite, mais généralement acceptée. Aux grands dieux, aux Bodhisattvas, au Buddha, ils semblent avoir été d'accord pour réserver le type idéal de Phoebus-Apollon ; quant à ceux, moins respectables ou plus voluptueux, d'Hermès et d'Héraklès, de Dionysos et d'Eros, de Pan et du Satyre, ils les prêtent tour à tour, au gré de leur fantaisie , aux Yaksas et aux autres génies subalternes (1). Les rôles du panthéon indien se sont ainsi trouvés répartis au petit bonheur et à batons rompus entre les divers membres de la troupe hellénistique. On peut le regretter, pourvu qu'on avoue que le surprenant eût été qu'il en fût autrement, et qu'on ne sait quel législateur, également versé dans les secrets du Mêru et de l'Olympe, eût d'avance présidé, selon des rapports exactement pesés, à une distribution immuable. En dernier ressort, cette absence presque inévitable de règles fixes a eu deux résultats opposés, mais également embarrassants pour nos recherches. D'une part nous avons dû poursuivre des personnages polymorphes, tels que Vajrapâni, sous tous les aspects qu'ils revêtent

(1) Cf. L II, p. 983, 54 et 44-/i6.