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Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.1 |
LES IMAGES INDIENNES DE LA FORTUNE 127
nous devions relever chez nos deux déesses kaçmtries. A la vérité, l'espèce de sceptre qu'elles portent dans la main gauche est fort bizarrement traité, comme si l'artiste en avait oublié ou s'était efforcé d'en déguiser le véritable caractère. Néanmoins, en dépit des fioritures du manche et de la tête d'animal
qui le termine, il ne saurait tromper l'oeil d'un Latin : car fleurs et fruits persistent à déborder de son extrémité supérieure . C'est une cornucopia, symbole d'abondance et de fécondité. Aucun emblème ne saurait être plus familier ni éveiller des idées plus riantes à l'esprit des Européens : aucun n'est en revanche plus inattendu ni plus répugnant pour les Hindous qui considèrent comme chose immonde toute dépouille de bête morte, l'antilope noire exceptée. Aussi, en discutant la statue de Brâr avec notre panclit et le purohita local, n'avons-nous pas eu de peine à leur faire admettre que c'était une mûlrti (idole) à la manière des « Pavanas » (car c'est toujours ainsi que, dans leur jargon sanskrit, ils désignent les nations occidentales). Et en effet, pour en trouver le modèle, c'est encore à l'art indo-grec qu'il faut s'adresser. A vrai dire, parmi les sculptures du Gandhâra, nous n'avons pas jusqu'ici rencontré la déesse à la corne d'abondance sous la forme d'image isolée, mais seulement en qualité de parèdre du génie des richesses. L'occasion s'est déjà offerte de publier deux de ces couples
tutélaires et de signaler leurs curieux rapports avec des groupes gallo-romains 2 : pour les besoins de notre comparaison nous en reproduisons ici deux autres (fig. 3-4), dont le second a été tout récemment dégagé par les dernières fouilles de Takht-f-Bahai (1912). La confrontation des déesses est concluante 3. Aucun doute, notamment, n'est plus permis touchant la nature de leur attribut commun, alors que déjà sur la figure 3 la pointe de la cornuco-
FIG. 2. — TYPE AE S AVA\i.
(Musée de Lahore, no 7. Haut.: 0m83).
On ne s'étonnera pas de reconnaître sur la planche LXIII les grappes et les feuilles de la vigne, laquelle croit au Kaçmir.
Revue Archéologique, 1912, II, pp. 341-349, avec quatre figures dans le texte.
Nous devons la photographie de Berlin (fig. 3) à M. le professeur A. GRCNWEDEL, et celle de Peshawar (fig. 4) à Sir Aune!. STEIN : qu'ils nous permettent tous deux de les remercier ici de cette obligeante communication.
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