GÉNÉRAL DE BEYLIE 247
de pierre, de brique et de bois, cette foule de tours, chargées de figures de brahmas, cette richesse de sculptures dans lesquelles l'éléphant ayravat, le serpent nages, l'aigle garuda, se disputent la place, malheureusement envahie par une nature exubérante, sont les fruits d'un art pas très ancien, qui a vu en quatre siècles sa croissance, son apogée et son déclin. Les premiers monuments khmers sont dus à Jayavarman II, venu de Java, qui monta sur le trône en 802 ; Yaçavarman (889-908) est le véritable créateur d'Angkor Thom, la ville royale, la capitale des Khmers ; Suryavarman II, qui devint roi en 1112, fait entreprendre les travaux d'Angkor Vat, la pagode royale à quatre kilomètres d'Angkor Thom; le dernier monument khmer délicat et plein de grâce, le temple de Ta Prohm, est élevé par Jayavarman VII ; mais hélas ! cette splendeur est dé courte durée ; les Siamois, les Thai, venus du Sud de la Chine, ont creusé à travers la péninsule indochinoise le sillon profond -qui sépare les Talaing du Pégou des Khmers du Cambodge, — et les monuments dus à l'amour de l'art des princes de la dynastie de .Jayavarman, telle la Belle au Bois dormant, cachèrent leur magnificence sous le voile épais d'une végétation luxuriante qui ne tarda pas à les étouffer dans ses embrassements. Cette solitude fut violée par de hardis étrangers parmi lesquels nous comptons deux compatriotes morts à la peine, Henri MOUHOT et DouDART DE LAGRÉE. J'étais présent naguère à l'inauguration du monument de Doudart de Lagrée, comme aujourd'hui à celui de Beylié, et je réunis dans un même salut ces deux illustres Dauphinois, bons serviteurs de la France sur les rives lointaines du Mékong.
Aujourd'hui, les monuments d'Angkor ne sont
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