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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0395 Serindia : vol.3
セリンディア : vol.3
Serindia : vol.3 / 395 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000183
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Part iii]   LES MANDALAS   1425

à montrer que les mandalas de Touen-houang ne sont pas des éléments isolés, mais qu'ils se relient aux plus anciens monuments qui nous soient accessibles dans l'histoire et dans la constitution du panthéon somptueux du bouddhisme du Nord.

Les fresques de Chötschö constituent un premier lien. Nous y trouvons surtout des traces de mandalas de Kouan-yin. Dans sa Planche XLV, en e et c, M. von Le Coq a reproduit des fragments de peintures sur soie dans lesquels on reconnaît sans peine la figuration d'un Avalokiteçvara aux onze têtes et aux mille bras. Dans la Planche XLVI, en f, c'est encore un fragment d'un Avalokiteçvara aux mille bras qui se trouve reproduit. Parmi les figures d'assistants qui ont été conservées, on reconnaît un Vajrapâni portant le foudre et la massue; derrière lui, un personnage portant une tiare à la manière sassanide, flanquée de deux ailes ouvertes, pourrait être un Vaiçravana. Cela suffirait à faire deviner un mandala d'Avalokiteçvara à grande ordonnance, mais un fragment de fresque reproduit dans la Planche XXXII sera bien plus démonstratif encore.

L'on y voit, dans les coins de droite et de gauche, deux Vajrapâni, l'un noir, l'autre blanc, brandissant leurs huit bras dans une auréole de flammes. Aux pieds de l'un, le Roi-Esprit des Éléphants, aux pieds de l'autre, le Roi-Esprit des Nagas nous permettent d'y retrouver les Vajrapanis des mandalas d'Avalokiteçvara. De l'autre côté, un assistant porteur d'offrandes. Au-dessus, on peut reconnaître encore Maheçvara monté sur un buffle blanc et Mârici montée sur le phénix. D'un bassin central surgissent des Nagas qui soutiennent le trône de lotus sur lequel devait siéger sans aucun doute Avalokiteçvara. Tous les autres éléments sont en si étroite correspondance avec les mandalas de Touen-houang que l'on ne pourrait avoir à cet égard la moindre hésitation.

Mais, avec les éléments de Chötschö, ni dans l'espace, ni dans le temps, nous ne sommes bien éloignés de Touen-houang et la comparaison la plus intéressante sera sans aucun doute celle qui nous transportera à Yunkang et à Long-men. Or, sans sortir de Touen-houang, nous trouvons le trait d'union entre les sculptures et les peintures bouddhiques. On trouve, en effet, dans les chapelles creusées à la même roche, de véritables mandalas mi-partie peints, mi-partie sculptés. Sir Aurel Stein a reproduit plusieurs photographies de ces groupes dans son ouvrage Ruins of Desert Cathay.43 Dans sa fig. 161, on voit un Çâkyamuni sculpté, appuyé contre le mur. Au plafond, au-dessus de lui, est peinte toute la partie supérieure du mandala. À côté de lui, de part et d'autre, viennent ensuite : deux Bodhisattvas assistants peints sur le mur ; deux prêtres sculptés en ronde-bosse, puis cieux Bodhisattvas sculptés, puis deux Bodhisattvas peints, puis deux Lokapâlas sculptés. C'est toute l'ordonnance centrale du mandala qui se trouve ainsi reproduite. On en trouvera un nouvel exemple dans la fig. Zoo (p. 222) où la partie peinte est plus abondante que la partie sculptée, et un autre, à la fig. 2o1 (p. 224) où, derrière le Buddha central, sont peints les arbres paradisiaques. I1 importe peu que certaines figures de stuc soient refaites et modernes : c'est la façon de composer le mandala qui importe ici et elle va nous aider à comprendre certaines représentations des grottes sculptées de Yun-kang et de Long-men.

Les stèles dites : ' Images à quatre faces ', contemporaines des sculptures des grottes, nous montrent des mandalas dont la composition est plus facilement lisible. Je retiendrai ici deux exemples seulement appartenant tous deux à l'époque des Wei.

L'un a été étudié et publié par M. Chavannes.44 I1 en a déjà été question. C'est une stèle à inscription de l'année 543. Elle représente un mandala de Çâkyamuni. Le Buddha est debout entre Ananda et Kaçyapa et deux Bodhisattvas qui restent indéterminés. Je serais bien tenté d'y reconnaître deux formes d'Avalokiteçvara. En bas, aux deux coins du piédestal, on voit deux Vajrapâni. Sur les trois autres faces du piédestal, se développe la représentation des dix Rois-Esprits, dont nous avons déjà parlé et que nous avons vus représentés par le Roi-Esprit des Nagas et le Roi-Esprit des Éléphants dans les mandalas d'Avalokiteçvara. Nous les voyons ici soumis aux deux Vajrapanis dans un mandala de Çâkyamuni, ce qui ne fait que confirmer ces liens étroits dans la figuration des mandalas de Çâkyamuni et d'Avalokiteçvara dont on a eu déjà tant d'exemples.

Sur les tranches du monument sont sculptées deux figures de Buddhas. C'est ce qui me fait croire que l'inscription relative aux deux Kouan-yin, rapportée par M. Chavannes à la tranche de la stèle, devrait être rapportée aux deux Bodhisattvas assistants de Çakyamuni.45 Sur la partie postérieure de la stèle, on voit

   '9 Aurel Stein, Ruins of Deserl Cathay, ii. London,   reste, attribuée par M. Chavannes. L'inscription relative aux

1912.    deux Kouan-yin est très embarrassante, car d'après sa place

   44 Ars Asialica, ii. Chavannes, ` Six Monuments de la   dans l'inscription, elle devrait être appliquée à la tranche de

Peinture chinoise,' 1917.    la stèle et l'on trouve sur cette tranche non deux Bodhi-

   46 Et cela malgré qu'une inscription : ' Le donateur des deux   sauvas, mais deux Buddhas. La conclusion me semble

   Bodhisattvas' leur ait déjà été, fort raisonnablement, du   être qu'il y a quelque désordre dans l'inscription.

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