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0370 L'art Greco-Bouddhique du Gandhâra : vol.1
L'art Greco-Bouddhique du Gandhâra : vol.1 / Page 370 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000285
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344   L'ART GRÉCO-BOUDDHIQUE.   •

une scène de labourage, se continue par la méditation du Bodhisattva et s'achève, selon toute vraisemblance, par l'hommage du roi son père. Telle quelle, elle n'est dépendante d'aucun texte, mais seulement d'accord avec tous sur le fond des choses et avec chacun d'eux tour à tour sur certains détails. Cette version figurée a donc, au point de vue de la tradition, la même valeur documentaire que les versions écrites : elle n'est pas moins intéressante à étudier au point de vue du système de composition. Qu'a voulu en effet représenter, ici comme partout, le sculpteur? Évidemment un sujet édifiant tiré de la légende bouddhique ; or il n'est rien de moins édifiant dans les idées de l'Inde que le labourage. On sait que Manu l'interdit aux brahmanes et que la vieille règle bouddhique va jusqu'à défendre à tout membre de la communauté de faire travailler la terre pour son compte; aussi bien est-ce le spectacle de cette activité nourricière du monde, avec tous les maux qu'elle entraîne pour les bêtes et les gens, qui est censé avoir pour la première fois rejeté le futur Çakya-muni dans la vie contemplative. La mise en scène des travaux des champs ne saurait donc en aucune manière être le but de l'oeuvre ; ce qu'il s'agit de figurer aux yeux, c'est au contraire le premier éveil de la vocation religieuse de Siddhàrtha et sa conquête des premiers échelons de l'extase. Mais imaginez à présent que l'artiste se soit borné à rendre ce qui est l'essentiel de son sujet,. à savoir un Bodhisattva méditant : le spectateur se serait trouvé dans l'impossibilité absolue de deviner le temps, le *lieu et même le héros 'de cette méditation. Pour spécifier l'occasion, le sculpteur a donc dû . avoir recours, comme d'habitude, à un laksana, c'est-à-dire à quelque détail accidentel, mais qui, par son pittoresque, en appellerait à la mémoire de ses clients et fixerait leurs incertitudes comme il fait aujourd'hui pour les nôtres. N'oublions pas, en effet, que c'est la vue du laboureur qui nous a donné la clef de la scène et révélé du même coup le nom du Bodhisattva méditant et jusqu'à l'essence de l'arbre sous lequel il est assis, tout brisé que cet arbre soit sur la pierre.