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0514 L'art Greco-Bouddhique du Gandhâra : vol.1
L'art Greco-Bouddhique du Gandhâra : vol.1 / Page 514 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000285
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488   L'ART GRÉCO-BOUDDHIQUE.

reconnaître que nous sommes conviés à admirer la pieuse munificence de la courtisane Âmrapati.

A deux reprises, les textes sacrés nous parlent de cette belle et honnête dame ('); et, ce faisant, ils lui jouent un assez mauvais tour. La première fois, ils nous content comment la renommée de ses charmes faisait l'orgueil et la prospérité de la riche ville libre de Vaiçâlî, tant et si bien que la royale cité du Magadha en fut jalouse et lui suscita une rivale du nom de Çâlavatî. Or ceci se passait tout au début de la carrière du Maître, à telles enseignes que Çalavati fut la mère de son fidèle médecin Jîvaka. Comme, d'autre part, les textes sacrés placent la donation de l'Âmravana lors du dernier passage du Buddha à Vaiçâlî, dans la suprême année de sa vie, il en résulte qu'elle eut lieu quelque quarante-cinq ans après la période de splendeur de la courtisane; si bien qu'un critique malicieux pourrait conclure que le temps était venu pour elle de réparer, par une vieillesse dévote, les écarts d'une orageuse jeunesse. Il aurait doubleraient tort. Chastes ou non , c'est le privilège des héroïnes de légende de ne jamais vieillir, qu'il s'agisse de Pénélope ou d'Âmrapâlî; aussi nos sculpteurs ne se sont-ils pas fait scrupule de la représenter sous les traits d'une jeune et gente personne. D'autre part, nos préjugés européens, seraient-ils exempts de toute hypocrisie, n'ont rien à voir ici. C'est dans d'Inde surtout qu'il n'y a pas de sot ni même d'immoral métier, aussi longtemps, bien entendu, que l'on se conforme aux règles de sa caste. Par sa beauté comme par ses talents de danseuse et de musicienne, Âmrapalî, telle une grande actrice, faisait d'ailleurs honneur à sa profession. Les textes palis, d'une tenue toujours si correcte, consignent le tarif de ses nuits sans que leur pudeur songe à s'en alarmer. On sent, à les lire, que l'idée de l'acceptation par le Buddha de l'invitation et de la donation de la courtisane leur paraît aussi naturelle que s'il s'agissait, par exemple, du parangon de toutes les vertus bourgeoises, la matrone Viçakha.

(') Mahdvagga, viii , i (cf. Mähdpa-   dans S. B. E., XVII, p. 1.71 et 105, et

rinibbdna-sutta, n, 16), et vi, 3o; trad.   XI, p. 3o.