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0211 Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.2
Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.2 / Page 211 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000249
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LE CHOU KING ET LE CHANG CHOU CHE WEN   139

De même, au milieu du me siècle, 1 Wang Sou, mort en 256, compilait le Kia yu et le donnait faussement pour l'oeuvre de ce titre qui était connue dès les Han occidentaux. A l'appui de ses dires, il citait dans sa postface une lettre de 414M- K'ong Yen disant que son ancêtre K'ong Ngankouo avait composé le Kia yu. Cette lettre est, elle aussi, un faux de Wang Sou, mais elle nous est un témoin de la façon dont Wang Sou lui-même interprétait les textes de Sseu-ma Ts'ien et de Pan kou. On y lit en effet : « Le roi Kong de Lou démolit l'ancienne demeure de Confucius. Il trouva le Chang chou, le Hiao king et le Louen yu, [tous] en écriture archaïque en [forme de] têtards (kou-wen k'o-teou). Il n'y avait personne en ce temps-là qui pat lire (S yen) [ces textes]. [K'ong] Ngan-kouo les mit en caractères modernes ; il les interpréta et en transmit l'explication par un commentaire

Igi   3ti o man   ). » Sauf la mention finale du commentaire (le
K'ong Ngan-kouo, lequel apparaît ici pour la première fois, il est bien évident que le reste de la phrase est copié du yi kin-wen tou tche de Seu-ma Ts'ien et que, tout comme Pan Kou, Wang Sou ne voyait nullement en kin-wen Oie allusion au texte de Fou-cheng'.

Il faut ajouter d'ailleurs que la phrase de Sseu-ma Ts'ien, dans l'interprétation que lui ont donnée les disciples du pseudo-K'ong Ngan-kouo, amènerait à supposer que, au moment même de la découverte du manuscrit de K'ong Ngan-kouo, le terme de kin-wen était déjà une expression reçue pour désigner la recension de Fou-cheng. Ce serait bien extraordinaire. Il va sans dire en effet que kin-wen ne peut se justifier que par comparaison à un kou-wen connu. Avant la •découverte du manuscrit de K'ong Ngankouo, le texte de Fou-cheng, bien qu'il dérivât sûrement, lui aussi, d'un manuscrit écrit en écriture des Tcheou, n'avait aucune raison d'être qualifié de « [texte] en caractères modernes », car on n'en connaissait plus d'autre. Mais lorsque le manuscrit de K'ong Ngan-kouo vint au jour, celui-ci fut immédiatement qualifié de kou wen chang chou, « Chou king en caractères anciens », par comparaison avec le seul texte qui fût connu en son temps, c'est-à-dire le Chou king de Fou-cheng transcrit en caractères des Han. C'est à ce moment seulement que, par opposition au kou wen chang chou

1. S'il se confirme que la recension actuelle du Chou king remonte bien à Wang Sou et à son école. il va de soi que cette postface du Kia yu devenant de la même main que la préface du pseudo-K'ong Ngan-kouo, il ne faudra plus songer à chercher dans cette préface même une interprétation du

terme de kin-wen de Sseu-ma Ts'ien au sens de « Chou king de Fou-cheng ». Mais précisément rien ne montre que cette interprétation, adoptée sûrement au v^ siècle, ait été celle de l'auteur même de la préface 200 ou 250 ans plus tût.