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Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.2 |
140 MÉMOIRES CONCERNANT L'ASIE ORIENTALE
de K'ong Ngan-kouo, celui de Fou-cheng aurait pu commencer à être qualifié de kin wen chang chou, ou « Chou king en caractères modernes ». Mais Sseu-ma Ts'ien était un contemporain de K'ong Ngan-kouo ; on sait d'ailleurs qu'il s'enquit auprès de lui personnellement pour certaines leçons de son texte. S'il eût voulu opposer les deux recensions du Chou king, comme en tout cas l'expression de kin-wen eût été de frappe toute récente et n'eût pas suffi à caractériser à elle seule la recension de Fou-cheng, il eût fallu, semble-t-il, qu'il employât l'expression entière de Kin wen chang chou pour le texte de Fou-cheng, tout comme il employait celle de Kou wen chang chou pour celui de K'ong Ngan-kouo. On a vu que ce n'était pas le cas.
Est-ce à dire du moins qu'immédiatement après Sseu-ma Ts'ien, nous trouvions l'expression kin-wen ou le titre Kin wen chang chou communément usités et compris au sens de Chou king de Fou-cheng? En aucune façon. Comme on l'a vu, une telle interprétation s'imposait si peu qu'au ter siècle, l'historien Pan Kou, reprenant le texte même de Sseu-ma Ts'ien, ne l'a pas adoptée ; il en est de môme de Wang Sou au Ille siècle. Les écrivains des trois premiers siècles de notre ère, quand ils veulent distinguer entre les recensions de K'ong Ngan-kouo et de Fou-cheng, continuent bien de donner à la recension de K'ong Ngan-kouo le nom de « Chang chou en hou-wen », mais pour la recension de Fou-cheng, ils la désignent par les noms de ceux qui s'en étaient faits les transmetteurs, c'est-à-dire par les
termes de kk fh14 Ngeou-yang chang chou ou de Hia-heou
chang chou, « Chou king de Ngeou-yang » ou « Chou king de I-Iia-heou.
Ce n'est qu'au ve siècle, dans le Che ki yin yi de 'T^I-,) Siu
Kouang et dans le commentaire de P'ei Song-tche à l'Histoire des
Trois royaumes, que la recension de Fou-cheng est désignée sous le nom de Kin wen chang chou. L'expression se fixe alors, et dans les commentaires classiques du vile siècle, que ce soient le King tien che wen de Lou TO-ming ou le Chang chou Icheng yi de K'ong Ying-ta, les mots de kin-wen suffisent à eux seuls à désigner, comme par un terme d'école,les leçons du texte de Fou-cheng'. Mais tous ces écrivains sont très postérieurs à la présentation par Mei Tsö du texte du pseudo K'ong Ngan-kouo. Il apparaîtra donc comme bien probable que, loin que les mots de kin-wen aient désigné au temps de Sseu-ma Ts'ien la succession de Fou-cheng, c'est par un rapprochement erroné entre le texte de Sseu-ma Ts'ien et celui de la préface
4. Cf. Touan Yu-ts'ai, loc. laud., fo 47 vo-18 ro.
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