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0129 Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.1
Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.1 / Page 129 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000249
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92   M'MOIRES 'CONCERNANT L'ASIE ORIENTALE

M. Laufer reconnaît à bon droit aux planches de l'édition japonaise peuvent donc n'être pas primitives, ne remonter qu'à l'édition de Wang Kang, ou bien à celle de 1462, ou même à celle gravée au Japon en 1676, et n'ont peut-être été acquises, en définitive, qu'en altérant le caractère original des scènes de Leou Cheou. Nous ne nous étonnerons donc pas si, la différence de technique entre le bois et la pierre accentuant encore le désaccord, nous n'éprouvons pas le même genre d'impression esthétique en présence des dessins de 1676 et des estampages de 1769. I1 ii'en reste pas moins aux deux oeuvres un trait essentiel commun, par où elles se séparent des planches de Tsiao Ping-tcheng : l'une et l'autre sont remarquables par la simplicité du sujet et par cette concentration de la composition qui se refuse .à égarer l'oeil du spectateur sur des scènes accessoires. Mais je ne vois pas qu'il y ait là une qualité de destination en quelque sorte, en tant que Leou Cheou aurait prévu qu'on ferait de ses albums un livre, ni même qu'il faille nécessairement y chercher une intention spécialement éducative et didactique. Encore que je n'incline guère à formuler des jugements généraux quand si peu d'oeuvres authentiques nous sont devenues accessibles, cette simplicité, qui ne va pas parfois sans sécheresse, se retrouve chez des contemporains de Leou Cheou, et lui-même pouvait d'ailleurs être d'un naturel paisible qui ne se sentait pas autrement enclin à la fantaisie.

Calme et « positif », avant tout homme du fait plutôt qu'interprète ému de la nature, c'est ce que Leou Cheou nous apparaît encore plus à travers les copies de Tch'eng K'i que dans l'édition japonaise de 1676. I1 y a toutes chances pour que les dalles de 1769 reproduisent fidèlement les peintures de Tch'eng K'i. Or, ces paysages de fond, ce décor extérieur à la scène essentielle qui jouaient dans l'édition de 1676 un rôle déjà bien moins considérable que chez Tsiao Ping-tcheng, nos estampages de 1769 les diminuent encore au point de les réduire parfois au néant. Les maisons dessinent leurs arêtes, les rizières sont bordées par leurs talus avec une rigueur et une raideur que l'addition d'arbres, d'oiseaux, de plis de terrain vient rarement atténuer. M. Laufer notait comme une particularité caractéristique de l'art des Song les nuages ondulés qui garnissent si souvent les ciels dans l'édition de 1676 : pas une seule fois ces nuages ne se montrent sur les dalles qui reproduisent les copies de Tch'eng K'i.

Que déduire de ces dissemblances? Faut-il admettre que Tch'eng K'i, meilleur calligraphe que peintre bien doué, a gravement faussé la manière de Leou Cheou, dont l'édition japonaise de 1676 nous rendrait encore, à