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0141 Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.1
Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.1 / Page 141 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000249
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104   MÉMOIRES CONCERNANT L'ASIE ORIENTALE

voyaient tous trois dans cette peinture de scènes agricoles une oeuvre de Li Song qui avait servi de thème à l'empereur Kao-tsong pour des notices

poétiques. Cet accord est troublant, mais peu convaincant, et doit seulement nous rendre assez sceptiques sur les notions historiques que possédaient les Chinois lettrés de la fin des Ming. Les notices de Wang K'o-yu et Tchang Tch'eou se heurtent à un obstacle chronologique insurmontable : Kao-tsong, qui avait abdiqué en 1162, qui était mort en 1187, n'a pu écrire des vers sur des peintures de Li Song, puisque la production de Li Song commence au plus tôt en 1190-1194. Cet anachronisme a déjà frappé Li Ngo en 1721, et, tout en reproduisant les textes de Wang K'o-yu et de Tchang Tch'eou, il fait observer, à propos du premier d'entre eux (fol. 2 vo) que « [Li] Song vivait au temps de Ning [-tsong] (1195-1224) et de Kouang [-tsong] (11901194) ; il est [donc] faux de dire [que ces vers sont] des notices impériales de Kao-tsong ». L'anachronisme ne peut d'ailleurs être restreint aux quelques années qui s'écoulent entre la mort de Kao-tsong en 1187 et les premiers travaux de Li Song en 1190-1194. Si Wang K'o-yu et Tchang Tch'eou avaient raison, c'est bien plus tôt, et forcément avant l'abdication de 1162, qu'il faudrait placer les notices de Kao-tsong. A ce moment-là seulement, quand cet empereur était sur le trône, on comprendrait que Tchang Tch'eou le louât de l'intérêt qu'il porte à l'agriculture. Et d'ailleurs le cachet même de la période chao-hing a cessé naturellement d'être employé quand cette période prit fin en 1162. Rien ne peut combler l'intervalle d'un dernisiècle qui sépare ainsi Kao-tsong de Li Song, et il faut que, de quelque manière, Hiang Yuan-pien, Wang K'o-yu et Tchang Tch'eou se soient mépris.

Dans quel sens l'erreur s'est-elle produite? De toute façon, elle implique une falsification. Si les poésies sont bien de la main de Kao-tsong, la signature de Li Song à la fin du premier rouleau est apocryphe'; si la peinture est de Li Song, les cachets de Kao-tsong sont faux. Mais les documents dont nous disposons aujourd'hui nous permettent de voir (lue la méprise des col-

1. H serait d'ailleurs étrange que Li Song eût signé sur la douzième scène, alors que la division en deux rouleaux, l'un de 12 scènes, l'autre de 9, n'est sûrement pas primitive. On remarquera en outre que la signature est indiquée, peu après 1616, par Tchang Tch'eou, mais qu'elle n'est pas relevée par Wang K'o-yu qui vit la peinture en 1639 ou peu auparavant. Il se pourrait donc que le rouleau de Iliang Yuan-pien ne fût qu'une copie de celui que vit un peu plus tard Wang K'o-yu; cette copie

aurait été exécutée après la séparation du rouleau original en deux moitiés, et un faussaire y aurait ajouté la signature de Li Song et les cachets de Kao-tsong. Qu'il y ait ou non identité entre les deux rouleaux, les raisons que j'invoque contre l'attribution à Kao-tsong et Li Song gardent la méine valeur ; la conclusion, sur la question de la signature, n'importe qu'au degré de l'erreur où sont tombés Hiang Yuan-pien et Tchang Tch'eou.

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