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0213 Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.1
Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.1 / Page 213 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000249
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MÉMOIRES CONCERNANT L'ASIE ORIENTALE

lotus à longues tiges. Jadis, tenant chacun une cruche ronde au bout de leur trompe levée, ils faisaient le geste d'en renverser le contenu sur la déesse : les trompes, les cruches, l'un des éléphants, la tige d'un des lotus, un coin du péricarpe de l'autre sont aujourd'hui brisés. Cet étrange décor repose sur le large dossier évasé d'un trône de rotin qui laisse apercevoir les entrelacs caractéristiques de sa vannerie. Le siège est recouvert d'un coussin sur lequel la déesse se tient assise, la jambe droite pendant jusqu'à terre, lajambegauche repliée dans un raccourci des moins heureux : c'est la pose bien connue, dite du « gracieux nonchaloir » (lalilsikshepa). Le pied gauche, qui se montre à découvert, semble chaussé d'étoffe : l'autre se perd sous les plis de la robe. Des deux mains, la gauche porte une corne d'abondance; la droite, aujourd'hui disparue, devait s'allonger, la paume en dehors', dans le «geste de la faveur » (varamudr c), juste au-dessus.d'un petit donateur agenouillé dont la tête est également perdue. De l'autre côté un second personnage plus qu'à demi nu vide à deux mains un sac de monnaies. Ce dernier symbole est intelligible à tous les hommes. La corne d'abondance ne parle pas moins à l'esprit de tous ceux qui ont reçu notre éducation classique. Si l'on ajoute que les deux éléphants doucheurs sont restés de nos joursl'attribut spécial de la Çrî ou Lakshmî indienne, il ne peut faire de doute que nous ne soyions en présence de quelque incarnation• tutélaire de l'Abondance, ou de la Fortune.

La figure.centrale et la statue de Brfir (Kaçmir). — Mais ,déjà cette statuette n'a pu manquer de frapper par le curieux mélange qu'elle présente d'éléments classiques et exotiques. Sa corne d'abondance détonne à côté des lotus de ses éléphants ; la pompe barbare de sa coiffure s'accorde mal avec le traitement encore hellénique de ses draperies ; et l'on retrouve le même contraste jusque dans les traits du visage, entre les lignes arquées à la grecque de la bouche et la barre continue des sourcils qui se rejoignent conformément aux lois de l'esthétique indigène 2. Un compromis aussi hybride nous conduit dès l'abord vers le Nord-Ouest de l'Inde, dans la région toujours la plus ouverte aux influences comme aux invasions étrangères. Par bonne chance, .car le Pendjab est grand, une analogie certaine fixe son origine au Kaçmîr. C'est là en effet qu'en juillet 1896, près du hameau de Brâr, entre Bhavan et Eishmakan, dansla vallée de Liddar, nous avons rencontré comme sa soeur jumelle. Elle était adossée (fig. 1) au bord d'une petite mare couverte de lentilles d'eau et perdue au fond d'un creux de ver-

Ou peut-être tenait-elle une bourse `l Mais   i. Sahita-bhrû, saiygata-bhrû, répète la liste des

cette hypothèse est plus risquée que la première.   80 signes (cf. Lalita-Vislara, éd. LEFMA\n, p. 101).