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0226 Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.1
Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.1 / Page 226 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000249
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LES IMAGES INDIENNES DE LA FORTUNE   137

On voit ' du premier coup d'oeil la place tout à fait en vedette qu'occupe la planche LXII dans l'évolution des images indiennes de la Fortune. Associant un attribut grec à un accessoire indigène, elle forme un chaînon aussi précieux qu'inespéré entre trois groupes de monuments figurés qui, en dépit d'évidents rapports de fond ou de forme, paraissaient condamnés à ne jamais s'agencer en un système cohérent. Combinant en sa personne les types de Mâyâ et de Hâritî, elle est seule à rendre et elle rend à elle seule intelligible et comme palpable le passage par voie d'héritage à la Lakshmî contemporaine, déesse de la richesse et de la beauté, de l'aspect extérieur de la première et d'une des principales attributions de la seconde. Bref, elle est devenue le pivot de toute la question, et l'on ne saurait trop se féliciter à ce point de vue de l'heureux concours de circonstances qui l'a enfin conduite ail grand jour d'une collection publique.

Est-ce la peine d'ajouter que le souci de sa chétive personnalité pâlit singulièrement à côté de l'importance de son rôle historique? Il devient presque indifférent et d'ailleurs impossible de savoir si nous avons affaire à une Hâritî finissante ou à une Lakshmî naissante : son intérêt réside justement dans le fait qu'elle gît à mi-route entre les deux identifications. On n'en saurait dire tout à fait autant de son style, évidemment plus proche de celui de Gandhâra que de celui de l'Inde médiévale. Comme ce style à son tour est l'unique moyen de déterminer sa date, nous serions tentés de remonter celle-ci (de même que celle de la planche LXIII) jusqu'au deuxième siècle de notre ère, si nous ne faisions réflexion qu'au fond de la vallée de Kaçmîr les formules classiques ont dû se conserver plus longtemps, aussi bien dans la sculpture que dans l'architecture. Toutefois il nous paraît difficile de faire descendre plus bas que le quatrième siècle des statues d'une facture encore si hellénisante, surtout si on les compare avec les oeuvres de l'époque des Guptas que nous ont révélées les fouilles de Bénarès et de Mathurâ. En définitive, le point sur lequel nous serrons de plus près la certitude, c'est encore, grâce à l'analogie de la planche LXIII, l'origine kaçmîrie de la statuette de Londres. Il est permis d'y voir un élément (l'intérêt de plus. On sait comment l'Heureuse Vallée a été jadis couverte de florissantes fondations bouddhiques : un fait non moins certain, qu'on doive l'attribuer au fanatisme des Musulmans ou à la bigoterie des brahmanes (et il y eut sans doute de l'un et de l'autre), c'est que leur décoration artistique et jusqu'à la trace de leurs ruines ont presque entièrement dis-

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