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0219 Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.1
Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.1 / Page 219 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000249
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130   MÉMOIRES CONCERNANT L'ASIE ORIENTALE

Les monnaies. — La question n'aurait pas après tout grande importance si elle n'intéressait que ces deux statues : mais en fait elle dépasse considérablement l'horizon du Kaçmir et même du Gandhâra. De nombreuses effigies ide cette même divinité se rencontrent en effet sur ces pièces de monnaie dont'les sculpteurs se plaisent :à faire litière sous ses pieds. On sait que le monnayage de l'Inde du Nord-Ouest et du bassin du Gange ne forme à vrai dire qu'une seule série depuis les dynastes indo-grecs du deuxième siècle avant notre ère jusqu'à la restauration nationale des Guptas au quatrième siècle après, en passant par les conquérants indo-parthes et indo-scythes. Or, pendant ces six cents ans .et plus, le type de la déesse à la corne d'abondance persiste à s'y montrer, d'abord dans sa pureté classique, puis sous un aspect de plus en plus maladroit et barbare'. Malheureusement une légende nominative ne l'accompagne qu'un instant, sur les monnaies de Kanishka et d'Huvishka, et, à notre grand désappointement, c'est l'appellation iranienne d'Ardbchsho qu'en lettres grecques elle nous donne pour elle, au lieu de son vocable indien. Rien n'empêche assurément de penser — bien que ce soit une pure hypothèse — que pour les graveurs de Philoxène et d'Hippostratos elle devait figurer encore une Tychè, tandis que ceux de Candragupta et de Samudragupta y voyaient déjà une Lakshmi. Mais nos statues tombent justement, à en juger par leur style, dans la période intermédiaire entre ces deux dates extrêmes. Ce qu'il nous eût importé de savoir, c'est comment les sujets indiens des monarques indo-parthes et indo-scythes la désignaient dans l'intervalle, alors qu'ayant cessé

d'être purement grecque, elle n'était pas devenue tout à fait hindoue   Ce
n'est pas, 'hélas, la seule occasion où le mutisme gratuit des documents numismatiques nous désespère. En l'absence de leur témoignage, force est de nous rabattre sur celui des sculptures et de voir clans nos deux images kaçmîries une nouvelle preuve de la dévotion extraordinaire dont semble avoir été entourée dans tout le Nord-Ouest de l'Inde l'omniprésente lIâritî. C'est toujours à cette déité que nos recherches nous ramènent : et il va falloir nous résigner à écarter en faveur d'une fée suspecte de cannibalisme le nom de la noble et belle épouse de Vishnu.

Les éléphants. — Mais, dira-t-on, n'avons-nous pas en faveur de l'identi-

1. Cf. PERCY GAIwNEIt, Catalogue of Indian Coins in the British Museum, pl. XIII, 10 et XIS, 1 (Indogrecs); XIX, 2-3 (Indo-parthes); XXVI, 6 et 18 et XXVII, 10-14 (Lido-scythes); VINCENT S~IITU, Catalogue of the coins in the Indian Museum, Calcutta;

pl. XV (Guptas; la déesse de la pl. XV, 4 est également assise sur un siège de rotin). C'est le lieu de remarquer que le type, devenu tout il fait informe, s'est longuement perpétué au Kaçmir (ibid., pl. XXVII).