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0217 Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.1
Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.1 / Page 217 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000249
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128   A1L:11OIRES CONCERNANT L'ASII: ORIENTALE

pia se termine également par une tête animale. Du.même coup s'établit leur caractère uniforme de dispensatrices de l'abondance et de la fécondité.

L'assistant. — Des analogies tant physiques que morales qu'elles nous présentent, devons-nous à présent conclure à leur foncière identité ? C'est ici que les choses se compliquent. Nous connaissons en effet assez bien l'état civil de la plus belle moitié des figures 3 et 4. Or ce n'est nullement à Çrî ou Lakshmî que nous avons affaire, mais à une devatfï d'un rang social beaucoup plus humble, sortant même (s'il faut tout dire) des bas-fonds de la superstition populaire, et qui répondait au nom de I-Iâritî. L'habitude qu'elle a de tenir dans les bras son dernier-né (il est simplement debout auprès d'elle sur la fig. 3) l'a fait surnommer « la Madone bouddhique ». Ce n'est en réalité que la personnification d'une maladie infantile, s'efforçant de faire oublier par ses nouvelles et prolifiques vertus son déplorable passé d'ogresse. Telle quelle, elle est l'épouse du yaksha Pâncika, général des génies (d'où sa lance) et génie des richesses (d'où sa bourse). Il arrive d'ailleurs que les deux conjoints échangent leurs attributs, la femme empruntant. au mari son petit sac de monnaies et lui prêtant quelques-uns de ses innolnbrablesputti. 'Tous cieux trônent parfois sur un véritable lit de pièces d'or dont les tranches, en se recouvrant à demi les unes les autres, donnent un aspect écailleux au piédestal. La figure 3, par exemple, montre ces pièces en train de se dégorger dans les deux sens de deux outres ou jarres béantes. Or, par une curieuse rencontre, ce déploiement de richesses s'ajoute également sur la planche LXII à l'emblème attitré de la fécondité : nous avons déjà noté le petit assistant qui, à gauche de la déesse, déverse, lui aussi, une cascade d'or. Par une coïncidence encore plus remarquable, nous connaissons déjà au Gandhâra ce serviteur presque nu — comme il convient à la bassesse de sa castelqui répand à pleine ouverture le contenu d'un sac ou d'une outre de monnaies (cf. fig. 5); et c'est justement aux pieds de l'époux (le Ilâritî qu'il accomplit ce geste aussi alléchant que symbolique. Cette fois il semble bien que nos dernières hésitations doivent céder devant l'évidence redoublée des monuments figurés. Comme l'identification de l'une de nos déesses kaçmîries entraîne apparemment celle de l'autre, c'est le nom obscur de Hâritî qu'il faudrait décidément écrire sous nos deux planches, au lieu et place de celui beaucoup mieux porté, et qui dès l'abord nous était venu à la pensée, de Lakshmî.

4. Cf. Monuments et Mémoires, t. XVII, 2° fasc.   un génie : c'est un yaksha qui, de son métier, est

(1909), avec 9 figures et 2 planches.   un coolie. La caste n'épargne pas plus les dieux que

2. Notez que cela ne l'empêche nullement d'être les hommes.