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0142 Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.1
Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.1 / Page 142 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000249
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A PROPOS DU KENG TCHF, 'FOU   105

lectionneurs et critiques a été autrement grave que ne le supposait Li Ngo. Ces prétendues poésies de Kao-tsong, que Wang K'o-yu recopiait d'un bout à l'autre avec tant de soin, ce sont simplement les vingt et une poésies de Leou Cheou qui accompagnaient la série des Tableaux du labourage dans son Keng tche t'ou. L'ordre en est d'ailleurs régulier, et Wang K'o-yu n'a pas eu tort de considérer les neuf scènes du rouleau attribué à Han Houang comme la seconde partie du rouleau où il reconnaissait la main de Li Song. Mais, à la fin des Ming, le souvenir dé Leou Cheou était à ce point perdu que nul critique n'a reconnu son oeuvre. Le titre de Fou t'ien t'ou ne doit pas nous faire illusion plus longtemps : le rouleau mis sous le nom de Li Song n'est autre, original ou copie, que la première moitié du Keng tche t'ou de Leou Cheou'.

La question cependant reste entière, au moins en apparence. Il ne saurait plus s'agir de donner Kao-tsong comme l'auteur des poésies jointes au prétendu Fou t'ien t'ou; mais c'est à cet empereur que le ,Keng tche fou de Leou Cheou a été présenté. On peut donc se demander s'il ne s'agit pas de l'exemplaire original du premier rouleau. En admettant que Wang K'o-yu et Tchang Tch'eou aient bien vu la même peinture, l'apposition des cachets de Kao-tsong s'expliquerait alors tout naturellement. Seule la signature de Li Song serait apocryphe ; et les critiques se seraient trompés en croyant reconnaître le pinceau de Kao-tsong dans des morceaux écrits réellement de la main de Leou Cheou. Ou plutôt encore, il s'agirait d'un de ces « exemplaires doubles » (!1 *) que Leou Cheou ou un peintre officiel de Kao-tsong avait pu exécuter sans y joindre les poésies, et ces poésies auraient été ajoutées de la main de l'empereur. On a vu plus haut que Song Lien, à la fin du quatorzième siècle, avait manié un exemplaire des Tableaux du tissage où les poésies étaient écrites de la main de l'impératrice. L'empereur préside au labourage ; il aurait copié les poésies des Tableaux du labourage, de même que l'impératrice, chargée de l'élève des vers à soie, copiait à son tour, d'un pinceau exactement semblable, les poésies des Tableaux du tissage. Par là, les souverains auraient témoigné de leur zèle à s'acquitter de leurs attributions les plus anciennes et les plus respectées.

Qu'un semblable exemplaire du Keng tche l'ou ait pu exister, je ne le

1. ll est vraisemblable que lorsque Tch'en Ti met le Keng tche l'ou au compte de Han Tche-yen, il est l'écho d'une tradition apparentée à celle qui en fait ici attribuer un exemplaire fragmentaire à Han Houang. L'identité du nom de famille a dû

ASIE ORIENTALE. - l.

produire une confusion entre les deux personnages. Ceux qui mettaient en avant le nom de Han Houang ne soupçonnaient pas que ce peintre vivait trois cents ans avant qu'il ne fût question du Keng tche

l'ou.

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