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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0012 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 12 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LES GRANDES INVASIONS

I. -- L'I3IBIIGR:1 TION ARYENNE.

En bonne logique, la préface obligée d'un exposé historique portant sur des invasions devrait être une description préalable du pays envahi. Quelle conception nous faire du plus ancien Afghânistân qu'il nous soit permis de restituer, de ses populations et de leur civilisation, pour autant qu'elles en avaient une ? C'est ici que la lacune dont nous parlions il y a un instant s'ouvre, béante, sous nos premiers pas. Ce qu'il y a de plus foncier chez l'homme, c'est sans doute sa race et, bien que dans une moindre mesure, ses croyances et sa langue : or comment nous renseigner sur les parlers, le folklore et l'ethnographie du Nord-Ouest de l'Inde avant les premiers documents connus, sinon par l'observation directe et le passage au crible de l'investigation scientifique des faits actuels ? Malheureusement, pour la plus grande part, ce travail reste à faire; il lui faudra même attendre, pour être mené à bonne fin, une ambiance encore plus favorable à la recherche désintéressée et une plus grande liberté de mouvements au service d'enquêteurs spécialement préparés à cette oeuvre difficile. Aussi notre embarras est-il grand; et, ce qui l'aggrave, c'est qu'il y a peu de chances pour que l'impatience du lecteur se contente d'un simple aveu d'ignorance. En fait, la méthode rigoureuse qu'a déjà su se forger la linguistique la défend beaucoup mieux que l'ethnographie contre les intrusions des simples prospecteurs. Nous respecterons d'autant plus soigneusement ses frontières qu'il y a d'autres raisons à cette discrétion forcée. Au stade préalable de nos recherches, cette discipline ne peut pas nous être d'un grand secours : car, en dehors de la langue brâhûî dont il sera question tout à l'heure, il ne semble pas qu'elle puisse actuellement remonter plus haut que la période indo-iranienne. D'autre part, même en admettant que les descendants de la population pré-aryenne aient survécu jusqu'à nous, peu importe à présent la langue qu'ils parlent. Le fait que la plupart des Hazâreh ne se servent plus que du persan n'empêche pas qu'ils soient de race mongole ; et les dialectes mixtes usités par les Dardes ou les Kâfirs ne nous renseignent pas de façon certaine sur leurs origines ethniques. On nous tiendra donc assez aisément quittes de tout essai de contribution à la classification, déjà fort avancée, des parlers du Nord-Ouest (3) ; mais on ne nous dispensera pas aussi volontiers de donner au moins un aperçu des principales races de la même région; car s'il est désormais admis qu'en linguistique il ne suffit pas d'avoir des oreilles, on croit encore communément, et bien à tort, qu'en ethnographie il suffit d'avoir des yeux.

ESQUISSE ETHNOGRAPHIQUE. - Ainsi que le fait prévoir la situation géographique du pays, nulle part, sauf peut-être dans la péninsule balkanique, la variété ni le mélange des races ne sont plus grands qu'en Afghânistân : « En aucun autre pays du monde, assure Bâbur, on ne rencontre une pareille diversité de populations et d'idiomes (4). » A nous qui ne savons rien que l'observation ne nous ait appris, la première grande distinction qu'elle nous ait enseignée est celle des nomades et des sédentaires : ce n'est que plus tard que nous avons constaté qu'une grosse partie de la population ne rentre tout à fait ni dans l'une ni dans l'autre de ces deux catégories; car la plupart des paysans émigrent l'été hors de leur village d'hiver et souvent, quand celui-ti se trouve déjà en montagne, dans son voisinage immédiat (p1. IIe). Parmi les nomades, une subdivision nettement • tranchée s'impose bientôt à cause du contraste entre leurs deux sortes d'habitats : d'un côté la tente noire à la mode arabe, tissée en poil de chèvre et suspendue sur de simples bâtons, de l'autre la khirga mongole ronde, avéc son bâti de bois treillissé recouvert de tapis de feutre, bien meilleur