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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0090 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 90 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LES PROPAGANDES RELIGIEUSES

légende de Hâritî, la « mère des petits démons », ce que n'aurait pas suffi à attester la fréquence des images de cette ancienne ogresse (8). Mais c'est surtout à titre de défenseurs des lieux saints qu'il se plaît à consigner les prestigieuses manifestations des génies et de leur roi Vaiçravana ; et nous croyons volontiers que la crainte de leurs sortilèges surnaturels était, en temps d'invasion, la meilleure protection contre la cupidité des chefs de bande pour les trésors accumulés par la piété publique dans le Couvent-Neuf de Bactres ou le « Couvent des otages chinois » de Kâpiçî (9). Près de cette dernière ville, Hivan-tsang a également rencontré et noté l'éminence rocheuse hantée par un Yaksha d'aspect éléphantin et de caractère bienveillant, lequel passait pour s'être montré jadis hospitalier à l'égard du Buddha et de sa communauté. Soit dit en passant, la légende qu'il a recueillie sur place paraît n'être qu'un démarquage de celle du génie « Force d'éléphant » que les textes traduits par M. Przyluski localisent de leur côté à Rohitaka, c'est-à-dire Rohtak, à environ 70 kilomètres au nord-Ouest de Delhi. Ce qui nous intéresse pour l'instant est que la colline qui servait d'habitat à ce prétendu « Pîlu-sâra » devait la vénération qui s'y attachait au fait que, comme tel autre promontoire du Svât, elle présentait elle-même l'apparence d'un avant-corps d'éléphant (10). Venant s'ajouter à l'exemple de l'échine rocheuse de Bâmyân (supra, p. 130 et suiv.), le détail ainsi sauvé de l'oubli par le pèlerin nous prouve que le Kapiça a également connu le culte que le Kaçmîr continue à attacher aux images svayambhû, c'est-à-dire spontanément façonnées par la nature, sans aucune intervention du ciseau du sculpteur.

RITES MAGIQUES ET PRATIQUES ORGIAQUES. — Par dessous les templa serena où règnent les dieux de haute caste, nous fréquentons déjà, on le voit, les régions intermédiaires, sinon inférieures, où pullulent, moins considérés mais plus intimement et plus anciennement mêlés à la vie populaire, les génies de bas étage. Ne pouvons-nous à présent, dans notre recherche du plus ancien fond attesté des manifestations religieuses locales, plonger encore plus avant et ramener à la surface un peu de la fange sédimentaire des vieux credo animistes et magiques, avec ce qu'ils comportent de maléfices et de pratiques obscènes ? Des sondages de ce genre devront tout naturellement porter sur les couches ethniques qui nous ont paru les plus « primitives », parce qu'elles sont les plus anciennes que nous puissions deviner aujourd'hui (cf. supra, p. 179). A propos de ces francs idolâtres ou de ces pseudo-musulmans (car les habitants des parties hautes de l'Hazârajât, du Panjshîr, du Laghmân et du Kunâr sont censés convertis à l'islamisme), nous avons à notre tour recueilli nombre de rumeurs, confiées à voix basse, sur leur redoutable habileté dans la pratique de la magie noire, sur leur goût immodéré pour le vin, et enfin sur leurs mœurs scandaleuses : car on ne les accuse de rien moins que de continuer à célébrer secrètement les mêmes fêtes licencieuses qui font aussi dans l'Inde l'opprobre des Çâktas « de la main gauche ». Nous n'aurions pas prêté grande attention à ces médisances, en dépit de leur constante répétition, si elles ne se retrouvaient à toute époque dans les livres; lisez ce que rapporte, il y a un siècle, Alexander Burnes sur les « Nimcha » ou « demi »-musulmans que sont les Syâh-Pôsh Kâfirs (ainsi nommés parce qu'ils se vêtent de peaux de chèvres noires), sur leur propension à l'ivrognerie et leurs coutumes barbares, ou encore sur les bacchanales organisées en pays Hazâreh dans l'ombre complice de la nuit par ces « éteigneurs-de-lampes », connus en persan sous le nom de eirâgh-kûsh et en pashtû sous celui d'Or-mur. Écoutez ce que nous dit Bâbur de ces « païens du Nijrâo » et de leur « vin cuit », probablement le kâpiçâyana que Pânini fait gravement dériver de Kâpiçî. Voyez ce que raconte Marco Polo sur les rudes manières et les perpétuelles beuveries des gens du Badakshân ou, quelques pages plus loin, sur les Pashai « qui sont idolâtres, bruns de peau, pestilents et rusés ». Quand il ajoute qu'ils sont, ainsi que les Kaçmîris, grands adeptes « de la sorcellerie et des arts diaboliques »,