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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0154 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 154 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LES INFLUENCES ARTISTIQUES

 

Pourquoi vous borner à rapporter de l'intérieur de l'Inde et à copier ces étranges mémentos de pèlerinage qui montrent bien le lotus de la Nativité ou le cheval du Grand Départ, le figuier de l'Illumination, la roue de la Première prédication et le tumulus du Pari-nirvâna, bref les accessoires de tous les « grands miracles », mais d'où l'auteur de ces miracles reste inexplicablement absent ? Ne serait-il pas à la fois plus naturel et plus édifiant, au lieu de symboliser sa présence par un tri-ratna ou la marque de ses pieds, de l'installer en personne sur son cheval, son siège ou son lit ? Et enfin votre dévotion croissante ne vous fait-elle pas éprouver le besoin d'élever des temples à l'exemple des autres sectes locales, et, pour commencer, de dresser dans une de vos cellules transformée en chapelle la statue de votre fondateur, vers laquelle monterait du moins l'encens de votre bhakti, puisque, de votre propre aveu, il est désormais sourd à vos prières ? Si dans votre. dédain des contingences extérieures et votre superstitieux respect de la coutume, l'idée ne vous en est pas encore venue, à nous elle vient spontanément ... Et en effet, si l'on nous permet d'interrompre ici notre porte-parole, c'est bien, comme l'a également noté M. W. Tarn (loco laud., p. 408), dans le cerveau d'un Grec et non d'un Indien que cette idée a dû naître. Or la naissance de cette idée est pour l'instant tout ce qui nous importe : car on ne peut nier qu'elle ne contienne en germe toute l'école du Gandhâra.

Toutefois, de même que de la coupe aux lèvres, il y a loin d'une idée à sa réalisation. Certes nos rares documents nous invitent à croire qu'un méridarque grec converti au bouddhisme était l'amateur le mieux qualifié à la fois pour désirer et satisfaire tout le premier son désir d'encadrer dans son laraire une image de Socrate entre celles d'Épicure et du Buddha. Qu'Hèliodôros, l'ambassadeur d'Antialkidas, ait dû, pour ériger en pleine Inde centrale son ex-voto vishnouite, recourir à la main-d'œuvre indigène, cela se conçoit : mais au même moment un haut fonctionnaire du Gandhâra disposait sur place des services de praticiens rompus à la technique hellénistique. Reste encore à savoir lequel parmi ces derniers se sentit capable d'accepter une pareille commande. Il ne s'agissait pas, en effet,' de figurer d'après un modèle courant l'une des divinités de l'Olympe, mais bien de créer un type inédit qui marierait la dévotion indigène à la technique étrangère... C'est ici que naît et peu à peu s'impose la suggestion que ce compromis hybride, pour être pleinement réussi (car rien ne prouve qu'il le fut du premier coup), dut être l'oeuvre d'un sculpteur métis, grec par son père et bouddhiste par sa mère. Que l'auteur du type resté consacré ait fait son apprentissage dans un atelier hellénistique, toutes les images conservées le démontrent au premier coup d'oeil; qu'il ait eu d'enfance intime accès aux sentiments religieux des Indiens, les plus belles d'entre elles le prouvent de façon non moins lumineuse : et il fallait bien, en effet, que ces deux conditions bissent à la fois remplies pour que pût prendre corps et se faire accepter à la ronde l'image mi-apollinienne et mi-ascétique du Moine-Dieu. Chose curieuse, si nous nous interrogeons sur la personnalité de l'auteur du Milinda-panha, nous arrivons à une conclusion tout à fait analogue. Dans son cas aussi il est bien évident qu'il connaît à fond le texte et les commentaires des Écritures bouddhiques; mais en même temps il se révèle en maints passages comme parfaitement au courant de la vie grecque, tant à la cour qu'à la ville, et, au point de vue stylistique, « la

vivacité du dialogue, la promptitude des ripostes, la sobriété des phrases » (L. Finot), en un mot « l'atmosphère » spéciale de l'ouvrage (W. Tarn) ont induit les critiques à reconnaître « dans cette

forme originale et presque insolite une influence hellénistique ». Pour nous ses traits d'humour

et la liberté d'esprit avec laquelle il considère que l'habit et la tonsure ne font pas le moine ont achevé d'emporter notre conviction. Comme le type métis du Buddha, le dialogue mixte du Milinda-

paîiha doit avoir pour auteur responsable un Eurasien de talent, et ces deux oeuvres jumelles, où s'unissent en une fusion particulièrement heureuse l'âme indienne et le génie grec, sont toutes deux