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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0075 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 75 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LA CONQUÊTE MUSULMANE   24t

Codoman, périssait à Mery sous les coups de ses poursuivants ou de leurs complices; et des partis arabes pénétraient jusqu'en Bactriane, bientôt même jusqu'au Kapiça. Il était grand temps que le pèlerin chinois regagnât sa lointaine patrie. A la vérité, en 659-6o, lors de son troisième voyage, l'ambassadeur Wang Hivan-ts'ö et en 664-5 le moine Hivan-tchao, lors de son second voyage, se rendent encore dans l'Inde en passant par Bactres et Kâpiçî ; mais le premier revint par le Népal; et quand au second, a comme sur la route du Népal les T'ou-fan (Tibétains) s'étaient massés pour faire obstacle et empêcher de passer, comme sur le chemin du Kapiça les Ta-che (Arabes) arrêtaient les gens et qu'il était difficile de traverser », le résultat est qu'il finit par mourir dans l'Inde centrale (i). Aussi Yi-tsing et les autres pèlerins chinois de la fin du vue siècle adopteront-ils régulièrement la route de mer. L'affaire paraît donc réglée, et nous avons déjà vu tant de fois la région indo-iranienne changer de mains que nous ne serions pas autrement surpris de la savoir dès lors entre celles des Arabes : mais en fait il n'en est rien. Kâbul n'appartiendra définitivement aux Musulmans qu'en 871, Peshâwar qu'en ioo9; et, entre 751 et 764, nous voyons Wouk'ong recommencer au Gandhâra, comme si de rien n'était, les dévotes allées et venues de Fa-hien. Péripétie plus surprenante encore, et pourtant établie sur le témoignage digne de foi des Annales chinoises, c'est l'empereur de Chine qui est à ce moment le suzerain de toute l'Asie centrale et qui, dans les seize états compris entre l'Oxus et l'Indus, règle par ses brevets la succession au trône. Que s'est-il donc passé ? De quelle léthargie subite souffrent les Arabes et de quelle crise de mégalomanie sont atteints les Chinois ? Et enfin, entre les Khalifes et les Fils-duCiel, que deviennent ces Turcs que nous avions laissés en paisible occupation de la Bactriane et en passe d'étendre leur empire jusqu'à l'Indus ?

ARABES, TURCS et CHINOIS. — Puisque quelques mots d'explication sont ici nécessaires, commençons par examiner le cas des nouveaux venus, à savoir les, Arabes. Ce qui frappe dès l'abord, c'est la longueur de temps qu'il a fallu aux foudroyants vainqueurs de la Perse pour conquérir l'Inde de façon permanente : et encore n'ont-ils jamais réussi , bien loin de là, à la convertir entièrement comme ils ont fait de l'Asie antérieure et centrale. On pourrait spéculer sans fin sur les causes profondes de ce phénomène historique. Au point de vue religieux, il semble que le monothéisme islamique triompha plus aisément du dualisme iranien que du protéiforme polythéisme indien. De même, au point de vue politique, la centralisation sassanide a pu faire dépendre le sort de l'empire entier de celui de deux batailles, tandis que la division de l'Inde entre de nombreux royaumes, en multipliant le nombre des têtes à abattre successivement par le conquérant, a compensé en partie et pour un temps la cause irrémédiable de faiblesse qu'était ce morcellement même. On peut enfin s'en rapporter à Al-bîrûnî quand il relève de première main, dans nombre d'incompatibilités d'humeur, de manières et de coutumes, les causes de l'antagonisme foncier qui sépare encore Musulmans et Hindous (2). Toutes ces raisons sont sans doute valables; mais, de l'observatoire que nous avons choisi, nous pouvons en apercevoir de plus prochaines. Tout d'abord le fanatisme héroïque où les Arabes ont puisé l'élan qui les porta en cent ans d'un côté jusqu'à la Loire et de l'autre jusqu'à l'Oxus, ne fut qu'un feu de paille. L'empire arabe n'est pas plus tôt constitué que luttes intestines, rivalités de sectes, intrigues de cour, révocations incessantes des gouverneurs entraînant comme conséquence la révolte de plusieurs d'entre eux et la création de dynasties locales, bref toutes les habituelles complications de l'histoire se répètent pour la plus grande pénitence des chroniqueurs et la décadence croissante des chroniqués. Surtout il faut bien se dire que les raids irrésistibles des premières années de l'Hégire étaient menés par des armées beaucoup plus mordantes que nombreuses. Aussi ne seront-ce plus les Arabes, bientôt

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