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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0079 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 79 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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I.A CONQU I3TE MUSULMANE

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ne peut manquer de nous faire dresser l'oreille. Assurément quand Férishtah, écrivant au xvue siècle, nous parle d'une incursion arabe « à Kabul » dès 664, il se sert de la même expression inexacte qu'ont reprise après lui tous les historiens européens : nous savons de la façon la plus sûre par le témoignage de Hivan-tsang qu'au vile siècle la capitale du pays. se trouvait encore, tout comme au temps des Achéménides et des Indo-Grecs, à Kâpiçî. Kabul existait sans doute, et depuis

longtemps (7). Le fait que le pèlerin chinois ne l'a même pas nommée   en quoi elle partage le
sort de milliers d'autres villes également omises par le Si-yu ki — ne prouve rien contre son importance locale. En revanche, le silence persistant que les vieux géographes arabes gardent désormais sur Kâpiçî donne à penser que la vieille ville royale était en train de perdre la sienne. Devons-nous conjecturer que, dès le raid de 664, elle apparut comme trop en l'air, exposée qu'elle était aux coups de main d'un envahisseur débouchant soudain de la vallée du Ghorband ou des passes de l'Hindûkush ? Que ce danger ne fût nullement imaginaire, c'est ce qu'acheva de démontrer l'expédition que, sur les ordres de Fadl-ibn-Yahyâ, préfet du Khorâsân au nom de Hârûn-al-Rashîd, Ibrâhîm-ibn-Jibûl, entraînant à la curée les gens du Tokhârestân, mena en l'an 176 de l'Hégire (792-3) par Ghûrwand, c'est-à-dire Ghorband, dans la partie Nord du Kapiça : il mit à sac, nous dit Ya'qûbî, la ville royale et les fondations bouddhiques environnantes, notamment le Shâh-behâr ou « Couvent du roi », dans lequel il est impossible de ne pas reconnaître le «couvent de l'Ancien roi » dont nous parlent tour à tour Hivan-tsang, Wang Hivan-ts'ö et Wou-k'ong (8). Après cette cruelle expérience jugea-t-on prudent de ramener définitivement la capitale plus au Sud, derrière le rideau de collines qui entoure Kabul ét forme comme une seconde ligne de résistance ? De toute manière, le fait subsiste qu'à partir du Ixe siècle Kabul prend dans l'histoire la place qu'occupait jusqu'alors Kâpiçî. Non que celle-ci ait été dès ce moment détruite de fond en comble : les monnaies à exergues koufiques qu'on trouve sur son site prouvent qu'elle n'avait pas été aussitôt et totalement désertée; mais le déplacement de la cour et des services administratifs la condamnait à mourir de langueur. Al-bîrûnî, toujours aussi bien informé que le lui permettent ses informateurs, sait encore que le nom de Kâpish (9) désigne le pays de Kabul : mais c'est là la dernière mention connue du Kapiça.

KABUL, CAPITALE. - Vers quelle date les Shâhis turcs transportèrent-ils leurs pénates dans leur nouvelle capitale ? Le transfert ne saurait être de beaucoup postérieur à l'an 793. Nous possédons, en effet, la preuve indirecte que plusieurs générations royales se succédèrent à Kabul même : car, au dire des écrivains musulmans, c'était une opinion reçue que les Shâhis n'étaient vraiment légitimés comme rois de plein exercice que s'ils avaient été sacrés dans les « temples à idoles » qui subsistèrent à Kabul pendant la meilleure part du Ixe siècle. Nous croirons deviner dans un instant (p. 247) pourquoi les milieux arabes se sont faits si complaisamment l'écho de cette tradition populaire encore faut-il qu'elle ait eu le temps de s'accréditer avant leur venue. Du même coup nous apercevons que le Kabul en question, celui-là même dont en 871 Ya`qûb-benLaith détruisit enfin les idoles, s'élevait sur le site, encore tout semé de sanctuaires, que nous avons (supra p. 146) déterminé sur la rivière Logar, près des villages de Shêvakî et de Kamarl. Quant au Kabul moderne, c'est une fondation des envahisseurs musulmans et la marque de leur installation définitive dans le pays. A vrai dire, ce n'était pas de leur part une innovation que de se créer ainsi une ville séparée à côté de chaque capitale conquise : nous avons déjà eu l'occasion de voir çà et là Alexandre, puis les Parthes et les Kushâns, en faire autant. Mais avec les Musulmans (comme plus tard pour les Chrétiens) cette ségrégation, encouragée par les scrupules .religieux venant renforcer les préjugés de race, devint et resta la règle. Presque partout dans l'Inde la résidence de