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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0080 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 80 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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246   LES GRANDES INVASIONS

leurs gouverneurs, comme celles de leurs émirs, sultans ou padishâhs, fut aussi distincte de la « cité indigène » que peut l'être, de nos jours, un « cantonnement » anglais. Le fait nous est expressément attesté dès leurs premières conquêtes indiennes. De même qu'ils avaient tout de suite dressé Mansûra en face de la capitale du Sindh et Chandroz en face de Multân, de même ils cherchèrent dans le voisinage du vieux Kâbul un site moins contaminé par l'idolâtrie. Ils le voulurent même arrosé par une autre rivière, le Logar étant apparemment souillé à leurs yeux par la croyance, toujours vivante chez les Hindous, au caractère sacré de ses eaux (cf. supra, p. 146 et infra, p. 247). Ils n'eurent d'ailleurs pas loin à chercher, au pied de la même chaîne et aux abords du même confluent, la colline de leur citadelle, sans doute représentée par les ruines modernes du Bâlâ-Hisâr « C'est dans cette forteresse, nous dit Istakhrî, que demeurent les Musulmans; et elle possède un faubourg où habitent les Hindous infidèles » (1o). Il ne fallut pas longtemps aux nouveaux maîtres pour attirer au pied de leur résidence, avec un nombre toujours plus grand de nouveaux convertis, toute la partie commerçante de la population ; et sur le vieux Bêgrâm de Kâbul, comme sur celui de Kâpiçî, seuls demeurèrent les paysans attachés à la glèbe. Selon toute vraisemblance (car sur ces points il nous faut pour l'instant nous contenter d'approximations), la fondation du Kâbul moderne devait être un fait accompli dès la fin du Ixe siècle. Pendant deux siècles et demi, il restera condamné à végéter dans l'ombre de la splendide capitale des Ghaznévides ; mais l'effroyable destruction de Ghaznî par les Afghans de Ghôr, en 115o, le débarrassera de sa rivale du Sud, comme le sac de Kâpiçî, en 793, l'avait débarrassé de celle du Nord; et désormais, de l'Hindûkush à l'Indus, pays, montagnes, vallée, rivière et route, tout pour tout le monde deviendra et restera « de Kâbul ».

Le lecteur connaît déjà les conséquences topographiques de ces changements politiques. Du jour où Kâpiçî fut supplantée par Kâbul comme siège du Gouvernement, la grande voie de communication entre la Bactriane et l'Inde n'eut rien de plus pressé que de laisser de côté la première de ces deux villes pour la seconde. Elle s'y prit de deux façons. Tout d'abord, au débouché de la vallée du Ghorband, au lieu de continuer vers le Sud-Est dans la direction du Laghmân, elle tourna droit au Sud pour gagner Kâbul, puis droit à l'Est pour se rendre à Jelâlâbâd, épousant ainsi tour à tour les deux côtés du triangle rectangle dont l'ancien tracé représente l'hypoténuse. Nous avons déjà vu qu'aucune facilité particulière ne compensait ce détour : seul, le transfert de la capitale à quelque 6o kilomètres plus au Sud l'exigeait impérieusement. Dès lors, le vieil itinéraire fut abandonné aux nomades, à leurs bêtes de somme et à leurs troupeaux; et nous avons également constaté qu'au cours de leurs transhumances ils lui restent toujours fidèles. Du même coup toute la région située entre l'ancien Kâpiça et le Lampaka, au Nord de la grande rivière, tomba dans un isolement quelque peu farouche, et d'ailleurs, comme nous allons voir (infra, p. 251) favorable à la prolongation de son indépendance. Mais ce n'est pas tout. Le déplacement de la capitale fit sentir son influence plus haut encore et tendit à dévier la route dès sa sortie de Bâmyân. Cette fois non plus, l'itinéraire n'était pas plus facile, bien au contraire : car la passe de Hajigâk (ou son substitut optionnel, celle d'Irâk) est plus haute et plus dure que celle de Shibar et se double de celle d'Unai; mais du moins il avait l'avantage d'économiser une dizaine de lieues et cela suffit pour que le raccourci par les vallées du Kalu, du haut Hélinand et du Kâbul-rûd ait fait depuis l'époque musulmane jusqu'à nos jours une sérieuse concurrence à la route du Ghorband. L'activité commerciale avait, en effet, le choix entre les deux voies puisque toutes deux satisfaisaient à l'obligation de présenter les marchandises à la douane (gumrok) de Kâbul.

Tout ceci a déjà été indiqué plus haut (p. 45 et suiv.) et il ne restait plus qu'à replacer l'événement à sa date et dans son cadre approximatifs. Toutefois nous ne voudrions pas laisser croire que nous