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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0026 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 26 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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192   LES GRANDES INVASIONS

fait régulièrement partie de l'empire que chacun d'eux considère, par droit de conquête, comme le commun héritage de tous. Et voilà en définitive pourquoi Alexandre n'a jamais conquis de l'Inde que la partie qui avait déjà été occupée par les Achéménides, à savoir ses confins occidentaux.

Ceci serait déjà dans tous les manuels classiques si seulement Alexandre et ses compagnons avaient consenti à en convenir; mais ni lui ni eux n'ont jamais voulu le reconnaître : le souci de leur prestige ne l'a pas permis. Les mêmes généraux qui mettaient un frein à l'impétuosité de leur jeune chef quand il prétendait tailler dans le neuf ont soigneusement dissimulé aux Grecs

d'Europe et, par suite, à la postérité, qu'ils avaient borné leurs efforts à rapiécer un vieil empire. En lisant sur leur expédition dans l'Inde les récits compilés d'après leurs Mémoires, on a le sen-

timent de se heurter à une conspiration de silence à l'égard de tout ce qui pourrait évoquer le

souvenir de la conquête perse ; et la consigne reste observée alors même qu'il s'agit d'un précédent qu'on aurait pu croire flatteur pour l'amour-propre grec. Quand après trois jours de rage

frénétique ou de morne désespoir, Alexandre se rend enfin à ce qui nous apparaît à distance comme

la voix même de la raison et se résout à donner au milieu de l'allégresse générale l'ordre du retour par la voie de l'Indus, aucun membre de son.état-major ne peut ignorer qu'il se propose de suivre

une route déjà ouverte par les vaisseaux et les troupes de Darius IeT : car un certain Ionien, nommé

Skylax, avait participé à cette expédition; et comme il était originaire de Karyanda en Karie, le fait avait été connu et soigneusement consigné par deux historiens grecs, natifs de deux cités

voisines et dont le premier était même contemporain de l'explorateur, Hékatée de Milet et Hérodote

d'Halikarnasse. Pas d'événement historique plus sûr ni de récits alors plus lus : mais quoi, il aurait donc fallu avouer que le Crétois Néarque avait eu un précurseur, et même un précurseur

plus hardi que lui ? Car, dociles l'un et l'autre à leurs instructions et une fois parvenus aux bouches

de l'Indus, tandis que l'amiral d'Alexandre s'était borné à rallier Suse en côtoyant le rivage septentrional du golfe Persique, celui de Darius s'était lancé à travers la mer Érythrée pour gagner

les ports d'Égypte. Par comparaison avec cette aventureuse traversée au long cours, que serait-il

resté de toute la réclame si bruyamment menée autour d'une simple croisière de cabotage ? Mieux valait pour l'orgueil macédonien passer systématiquement sous silence l'exploit d'un Grec d'Asie

qui n'était d'ailleurs qu'un sujet du Grand-Roi. Assurément, il était trop tard pour effacer le

nom de Skylax dans Hérodote ; mais c'est en vain que vous le chercherez chez les historiographes d'Alexandre : ils l'ont proprement étouffé. Comment d'ailleurs aurait-il été possible d'insérer

son souvenir dans le récit de l'Anabase, alors que la doctrine officielle du quartier général, celle qu'en bon agent de propagande continue à propager Mégasthène et que répètent docilement Strabon et Arrien, veut que l'Inde n'ait jamais encore été conquise, sauf par un dieu, Dionysos, et par un demi-dieu, Héraklès ? Fables ridicules et dont se gaussait déjà Ératosthène : mais tel est notre superstitieux respect pour les auteurs classiques que, sur la foi de cette assertion tendancieuse (Mégasthène l'a dit !), la Cambridge History of India hésite à admettre, que Cyrus le Grand ait jamais traversé l'Indus (4).

LES INSCRIPTIONS DE DARIUS Ier. Cette excessive prudence , s'imposerait sans doute à tous les historiens si, par bonne chance, les véridiques inscriptions de Darius IeT ne permettaient de percer à jour ces trop ingénieuses fables. On sait que dans la première, celle de Behistân, le fils d'Hystaspès déclare avoir, en l'espace d'une seule année, écrasé neuf grandes rébellions, livré ou fait livrer dix-neuf batailles, toutes victorieuses, et repris en main l'empire sur lequel avait régné Cyrus. Or, dans la liste des vingt-trois ' provinces, ainsi demeurées ou ramenées dès