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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0058 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 58 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LES GRANDES INVASIONS

faut marquer un temps d'arrêt : car c'est encore sur la rive septentrionale de ce dernier fleuve qu'en 126 avant notre ère, le grand voyageur chinois Tchang K'ien trouve, toujours à l'état nomade, le gros des Ta-Yue-tche. C'est donc surtout leur avant-garde scythique qui, par eux tenue en haleine, a forcé dix ans plus tôt nombre de Çakas à passer l'Oxus et, le passant à leur suite, contraint avec eux les Gréco-Bactriens (ou, tout au moins, les autorités et les troupes gréco-bactriennes) à se réfugier derrière l'Hindûkush. Ce serait en somme à des congénères et même en partie à des voisins de l'autre rive que les indigènes nomades du pays de Ta-Hia cèdent à leur tour pâturages et droit de pâture; et probablement aussi les plus aguerris d'entre eux, profitant des circonstances, se joignirent-ils à leurs envahisseurs pour forcer, plus ou moins par surprise, la barrière parthe et aller se créer de nouveaux domaines dans les terres bénies du Sud, d'eux bien connues. Mais nous pouvons être assurés que le fond « Tâjik », comme on dirait à présent, ne bougea pas et demeura indéracinable, ainsi qu'il l'est toujours resté depuis, à travers les invasions des Huns, des Turcs, des Mongols et des Uzbegs. Les envahisseurs du Nord, quelle que fût finalement la proportion parmi eux de Çakas, de Scythes transalpins et de Tokhâres, ne firent sûrement que recouvrir — et sans coup férir, à ce qu'on rapporte — la couche immuable et passive des citadins et des villageois, tant commerçants qu'agriculteurs (cf. supra, p. 76).

C'est, en effet, maintenant ou jamais, le moment de rappeler ce que l'on nous rapporte de l'ancienne Bactriane. Tous les témoignages sont d'accord pour noter le caractère mercantile et peu belliqueux du fond de la population. Mais de tout temps, là comme en Trans-Oxiane, à côté des gens sédentaires, paysans et boutiquiers, il y a eu place pour des tribus nomades, guerriers toujours mobilisables, représentés aujourd'hui par les Turcomans et les Uzbegs. Surtout nous ne devons pas oublier que, par-dessus les uns et les autres, se maintenait une aristocratie turbulente, qui a constamment donné du fil à retordre aux Achéménides. Ce sont ces nobles (originaires ou non de Perse, et ayant ou non fait souche dans le pays) qui, à l'aide de contingents scythes — les descendants des mercenaires qu'ils avaient jadis encadrés dans l'armée de Xerxès — furent à peu près les seuls à opposer à Alexandre une résistance vraiment énergique. On sait comment il fallut au foudre de guerre batailler deux ans en Sogdiane pour les réduire; comment ils infligèrent à ses lieutenants de cruels revers; comment l'extraordinaire allant de ses soldats put seul venir à bout de leurs nids d'aigles; comment enfin ils s'imposèrent si bien à son respect que, pour les rallier à lui, il épousa ou fit épouser à ses compagnons leurs filles et prit comme satrapes plusieurs d'entre eux (1o). Ce sont, quand enfin nous y pensons, ces grands seigneurs iraniens qui, après avoir passé sur le ventre des Parthes, conduisirent l'exode conquérant des Çakas jusqu'au delà de l'Indus et ont fourni de « Kshatrapas » les grandes cités du Nord-Ouest (II). Si bon sang ne peut mentir, ce sont eux que nous souhaiterions à présent reconnaître, sous l'appellation de hi-heou (yabgu) dont les Chinois les affublent, dans les plus vaillants de ces chefs de clans entre lesquels ils vont nous montrer la Bactriane partagée, de même que ce sont leurs arrière-neveux que nous retrouverons dans les « chevaliers » des peintures de Kuêa ou de Bâmyân. Mais ici il convient d'être prudents et de nous en tenir à l'irrécusable témoignage des monnaies. Pour nous faire une idée des chefs Çakas, il ne tient qu'à nous de les regarder, à cheval, la lance en arrêt, figurés au-dessus de leur noms que celui-ci soit Azès ou Azilisès. Or, il est indéniable qu'avec son haut bonnet de feutre, sa barbe hirsute, sa casaque et ses grosses bottes, un Vima-Kadphisès a un air beaucoup plus farouche — tranchons le mot, beaucoup plus « Asie centrale» — qu'aucun Indo-Scythe. Assurément les grands Kushâns vont s'affinant d'un règne à l'autre, et nous verrons bientôt (infra, p. 277) à quel point ils étaient ouverts aux influences ambiantes, même religieuses. Mais il n'en reste pas moins que,

sur la face de leurs portraits authentiques et bien qu'ils se parent au début du titre de « Basileus   .)j