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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0061 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 61 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LES INVASIONS DES BARBARES

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à celle de la grand-route de l'Inde. Tout d'abord, et pour la première fois, les prolongements de son tronçon afghan tant vers le Gange et la Mer >;rythrée que vers la Haute-Asie se trouvent réunis sous une seule main : nous aurons bientôt (p. z81) à examiner les lointaines conséquences de ce fait capital. Pour l'instant contentons-nous de relever un détail minime, mais précis, concernant le tracé de la route. On se souvient qu'une déviation sensible lui a été imprimée par Kanishka à l'entrée du Gandhâra ; et comme cette déviation a subsisté jusqu'à nos jours, elle a même réussi à cacher aux yeux des modernes géographes et historiens l'ancien itinéraire auquel elle s'est substituée (v. supra, p. 85 s.). Il est pourtant de toute évidence, pour qui veut bien y réfléchir, que la fondation de Peshâwar et l'utilisation de la passe du Khaïber sont solidaires l'une de l'autre, et que, par suite, le détournement de la grand-route, qui jadis piquait droit sur Pushkarâvatî par Michnî, date de la création de la nouvelle capitale des Kushâns. Le même phénomène s'est d'ailleurs reproduit, mais en beaucoup plus petit, à Taxila où Kanishka éprouva également le besoin de déplacer la ville. Nous avons laissé l'édition gréco-parthe de celle-ci sur l'emplacement de Sir-Kap (supra, p. 222). Le site rectangulaire de la Taxila des Kushâns est délimité par les murailles de pierre de Sir-Sukh, épaisses de près de 6 mètres, renforcées tous les 3o mètres par des tours semi-circulaires et percées de curieuses archières en forme de fer-de-flèche, toutes pareilles à celles que les bas-reliefs gréco-bouddhiques prêtent rétrospectivement aux remparts dq Kuçinagara (i6). Mais ici le détour est insignifiant : car les angles les plus proches des deux enceintes ne sont distants que de 1.500 mètres, tandis qu'il y a 20 bons kilomètres entre Pushkarâvatî et Purushapura. Pour ce qui est des trois autres grandes villes de notre route, Nagarahâra, Kâpiçî et Bactres, il n'apparaît pas que les Kushâns aient rien changé à leur site : mais nous avons toute raison de croire qu'au point de vue commercial ils leur assurèrent une grande prospérité.

KUSHANO-SASSANIDES, HUNS ET TURCS. - Cependant les ténèbres vont s'épaississant autour de nous, et mieux vaut avouer tout de suite que nous n'apercevons plus désormais grand-chose dans le cercle étroit que nous nous efforçons d'éclairer. Quelle que soit la date qu'on doive attribuer à l'avènement de Kanishka — et nous attendons toujours une raison décisive pour déplacer ou pour stabiliser celle de 8o après J.-C. — l'empire des Kushâns a dû se maintenir sous ses successeurs jusqu'au début du me siècle, ce qui est déjà beau pour un empire semi-indien. Mais dans l'élan de sa renaissance nationale, l'Irân va reprendre une fois de plus l'avantage sur le « Tûrân ». Nous n'avons aucune raison de mettre en doute le récit de Tabari quand il nous conte que le premier monarque sassanide, Ardeshîr Ie1 (224-241), reconquit ce qu'il appelle le Khorâsân, c'est-à-dire Merv, Bactres, et le Kharizm, — autrement dit la partie septentrionale et la plus iranienne de l'empire (nous ne disons pas du « royaume » particulier) des Tiikhâras. Lui ou ses successeurs immédiats rétablirent également la traditionnelle domination perse sur le Sakastâna, c'est-à-dire sur la meilleure part des provinces orientales des Achéménides : car _pour eux ce mot ne désigne plus seulement le Séistân primitif, mais comprend aussi l'Arachôsie et même l'IndoScythie. De ce vaste protectorat qui s'étend sur toute la région indo-iranienne nous possédons des preuves directes et palpables dans les monnaies dites des Kushâno-Sassanides, d'où il appert que le prince héritier de Perse ou quelque autre membre de la famille royale porte régulièrement le titre de Kushân-shâh ou même de Kushân-shâhânshâh, puis (à partir de 284) de Sakân-shâh; et une inscription pehlvie de Persépolis complète ce dernier titre par celui de « vice-roi du Sindh, du Séistân et du Tokhârestân » (17). Rien ne prouve d'ailleurs que la dynastie des Kushâns ait été sur-le-champ exterminée et que ce ne soient pas les descendants directs de Vasudêva qui continuent à frapper, sous le couvert de leurs suzerains sassanides, les types traditionnels (sur