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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0055 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 55 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LES INVASIONS DES BARBARES   22I

75 avant ,1.-C. le « Grand Roi » Mauès aurait, d'après les numismates, conquis à. la fois le Gandhâra et le pays de Taxila, coupant ainsi l'une de l'autre les deux maisons rivales d'Eukratidès et d'Euthydème. L'extinction de cette dernière et, avec elle, de la domination grecque dans le Paiijâb aurait été, quelque quarante ans plus tard, l'ceuvre de son successeur Azès.

Ce qui nous intéresse encore plus directement du point de vue afghan, c'est le sort du dernier foyer hellénique qui, abrité par les Montagnes neigeuses contre l'ouragan du Nord, avait survécu au Kapiça. On a cru longtemps qu'il n'avait été détruit qu'au Ier siècle de notre ère par les Kushâns, quand ceux-ci, ayant fini de digérer leurs acquisitions de Sogdiane et de Bactriane, se sentirent en appétit pour de nouvelles conquêtes. On avait même un instant, sur la foi de leurs monnaies, imaginé que le dernier basileus, Hermaios, et le premier yabgu, Kujûla-Kadphisès, auraient commencé par s'entendre contre leurs ennemis communs, les Çaka-Pahlavas. On tend maintenant à admettre que le coup fatal fut porté beaucoup plus tôt au Grec, par la voie du Sud et de la main des Parthes. Poursuivant son avantage sur les Çakas en déroute, Mithridate II avait sur leurs talons réoccupé l'Arachôsie que, s'il faut en croire Orose, son prédécesseur Mithridate Ier aurait déjà ravie à Eukratidès. Il aurait ainsi annexé à nouveau plusieurs des satrapies orientales des Achéménides et les aurait laissées sous l'autorité d'une sorte de grand vassal qui — tout comme le fameux vainqueur de Crassus à Carrhae (53 av. J.-C.) — n'aurait été rien moins que l'aristocratique héritier du nom des Sûrên. A la faveur des dissensions dynastiques et aussi des guerres romaines qui occupaient le suzerain en Occident, le vice-roi des provinces orientales ne tarda pas à affirmer son indépendance. Bientôt apparaît dans cette région, sous la loupe des numismates, un nouveau « Grand roi des rois », parthe de nom et d'origine, Vononès; et ce serait le « frère » et successeur de ce roi, Spalirisès, qui serait venu par la route de l'Arghand-âb se soumettre le Kapiça : du moins serait-il le premier Iranien à frapper au revers de ses monnaies ce type de « Zeus assis » qui, depuis Eukratidès, était resté la marque caractéristique des maîtres de Kâpiçî et que Kujûla-Kadphisès reprendra bientôt à son compte. Dès avant le début de notre ère, depuis l'Hindûkush jusqu'à Mathurâ, en passant par les districts de Cukhsa et' de Taxila, nous ne trouvons plus sur les inscriptions et les monnaies que des noms de rois ou de satrapes parthes ou scytho-parthes; et comme c'est encore à ces derniers que le Périple attribue la vallée de l'Indus et même les côtes du Gujarât, il semble qu'avec Gondopharès (vers 19-45 ap. J.-C.) et grâce à la fusion des deux dynasties de Mauès et de Vononès, la suzeraineté parthe se soit étendue sur toute la zone-frontière entre l'Inde et l'Irân, aussi bien sur l'Afghânistân et le Belûchistân que sur « l'Inde du Nord » et « l'Inde de l'Ouest » (4).

Telle est du moins la façon dont se reconstruit pour l'instant l'histoire des derniers IndoGrecs et de leurs successeurs immédiats; et si nous avons cru devoir la résumer ici aussi brièvement que possible, c'est parce que nous en avions besoin pour rendre intelligibles au lecteur les rares reflets projetés de leur temps sur notre route. Tout d'abord ce simple schéma nous fait comprendre comment Çakas et Pahlavas ont pu pénétrer par le Sud tant au Gandhâra qu'au Kapiça : c'est que les premiers ont pris à revers le massif afghan et ont entraîné les seconds à leur poursuite. Il nous montre aussi clairement avec quelle adresse et en quelle connaissance de cause la légende de la conversion de Gondopharès par saint Thomas a été sertie dans son cadre historique : il n'est pas jusqu'à l'itinéraire prêté à l'apôtre des Indes pour se rendre de Judée (probablement sur un bateau nabatéen ou égyptien) à un port « Andhra » du Kor kan, et de là par terre au Gandhâra, que ne confirme le Périple quand il fait de Barygaza le débouché maritime de la « Proklaïde » (5). Mais c'est surtout le chapitre de la « Vie d'Apollonios de Tyane » relatif à Taxila qui, sans la précaution que nous venions de prendre, aurait risqué d'être rejeté comme une pure supercherie litté-