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0059 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 59 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LES INVASIONS DES BARBARES   225

   

Basileôn », ils se différencient nettement des Çaka-Pahlavas. Qu'ils soient eux-mêmes des Scythes d'Asie, et par conséquent Iraniens orientaux, nous le voulons bien : mais des Scythes d'au-delà de l'Imaüs et revenant des confins de l'Extrême-Orient. Cela ne les empêchera pas d'ailleurs, selon la juste remarque de M. Sten Konow, « de se conduire en toute chose comme les héritiers des Çakas » 42).

On nous pardonnera aisément. de nous être laissé longuement entraîner dans un débat aussi important pour la suite de nos études : mais, sous le bénéfice de ces observations plus ou moins rétrospectives, il est grand temps de reprendre le fil des événements au point où nous l'avons laissé plus haut (p. 220). Les Yavanas viennent de quitter la Bactriane par la route directe de l'Inde qu'ils tiennent encore jusqu'au bout ; par le grand circuit du Sud-Ouest s'est écoulé vers la même destination le premier flot des Çakas, guidé par les éléments les plus mobiles et les plus entreprenants des tribus tant sogdiennes que bactriennes, et déjà les Pahlavas se sont attachés à leurs chausses. Mais la brèche que les Scythes avaient un instant ouverte dans le front parthe s'est refermée derrière eux. Contenus pour un siècle par une barrière de garnisons arsacides et indogrecques au pied de l'Hindûkush et du Band-é-Turkestân, les envahisseurs descendus du Nord n'ont plus d'autre ressource que de s'entasser pêle-mêle en Bactriane, tant poursuivants que poursuivis. Que se passa-t-il alors au fond de ce panier de crabes ? Deux maigres renseignements nous sont parvenus. L'un, classique, est une ligne du sommaire du 42e livre de Trogne-Pompée, rédigée en style télégraphique : « Ici s'intercalent (comme une addition à l'histoire des Parthes pendant le leT siècle avant notre ère) les affaires de Scythie : les Asiani, rois des Tochari, et la destruction des Saraucae. » Avec un peu d'imagination, on a eu vite fait de comprendre que les Tokhâriens (qui, nous le savons, formaient l'arrière-garde) avaient voulu s'avancer à leur tour et que, pour se faire de la place, ils avaient écrasé une des tribus scythes qui les précédaient entre l'enclume parthe et leur masse d'armes. Le fait n'est en soi que trop vraisemblable; et de là à reconnaître dans les «Asiani, rois des Tochari », une déformation du nom des Kushâns, la pente est glissante, car les copistes ont bon dos. L'autre information, guère plus satisfaisante, consiste dans une liste chinoise de cinq hordes ou clans qui se seraient partagé tout ou partie de la Bactriane (13). L'important pour nous est qu'au bout de cent ans l'une des cinq maisons régnantes, celle des Kushâns, a définitivement établi sa suprématie sur les quatre autres. Bien perspicace sera celui qui pourra deviner, au milieu de cette « macédoine » de tribus, l'extraction exacte de la nouvelle dynastie : mais puisque son hégémonie a suffi à fonder le royaume, désormais fameux en Asie, des Tukhâras et que les Chinois leur ont continué le nom des Ta-Yue-tche en attendant d'adopter celui de Touhouo-lo, le plus simple paraît d'admettre qu'ils étaient, en effet, des Tokhâriens ou du moins (rappelez-vous Mazeppa) qu'ils étaient devenus les « hetmans » des Tokhâriens. Avouerons-nous qu'une autre considération nous paraît primer en importance ces discussions généalogiques ? En tout état de cause, ces cent ans de rivalités féodales sont un sursis que l'histoire accorde à nos hi-heou, yavuga ou yabgu pour faire leur apprentissage de civilisés et adopter, avec quelques modifications, l'alphabet, le calendrier, le monnayage et même, pour commencer, la titulature des dynastes Gréco-bactriens

Qu'emporté par la vitesse acquise de son premier triomphe, Kuj ûla-Kadphisès songe aussitôt (vers 25 ap. J.-C.) à jeter les bases d'un nouvel empire indo-iranien, c'est le contraire qui aurait droit de nous surprendre. L'histoire va se répéter une fois de plus, mais non sans variantes. Qu'il soit lui-même un Tukhâra ou un Çaka, le Kushân ne fait après tout que lancer, après un intervalle de quelque 15o ans, une nouvelle vague de nomades à l'assaut de l'attirante et dévorante péninsule : seulement cette seconde fournée d'Indo-Scythes emprunte la route qu'avaient prise,

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