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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0019 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 19 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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L'IMMIGRATION ARYENNE   185

derniers venus devront montrer les dents, profiter des mésintelligences qui déjà se sont gliss4es entre les premiers occupants, se coaliser avec certains d'entre eux pour en expulser d'autres, aller même à l'occasion jusqu'à chercher des alliés chez les pré-aryens dépossédés. On sait que le Rig-Vêda nous a conservé l'écho de ces dissensions et de ces luttes fratricides 47). Enfin, quand le Panjâb sera, si l'on peut ainsi dire, parvenu à son point de saturation, le courant devra se ralentir devant la résistance accumulée du milieu, et ,le temps des immigrations en masse sera passé. Nous assisterons bien encore à maintes expéditions de conquête, et même à quelques essais de pénétration tribale de la part des Çakas, des Huns Hephtalites ou des Turcs : mais toutes ces incursions seront vite freinées et tous ces immigrants absorbés par les . multitudes indiennes. Ce que l'invasion des Aryens a eu de spécial, ce n'est ni sa composition ni son mode de propagation : sa chance fut d'être survenue en un temps où, à condition de jouer vigoureusement des coudes, l'Inde — du moins celle du Nord-Ouest — était restée, ou était redevenue, ce qu'on appelle une colonie de peuplement; et c'est pourquoi, ne craignons pas de le répéter, le Panjâb tout entier, jusqu'aux abords du bassin du Gange, a été foncièrement aryanisé.

LES VOIES DE PÉNÉTRATION. - Historiens et philologues se plaisent à marquer les étapes successives de la colonisation aryenne, d'abord à dose massive dans le Pays des Cinq, ou plutôt des Sept Rivières (les Hapta-hindu de l'Avesta et les Sapta sindhavas du Vêda), puis en dilution de plus en plus atténuée dans le Brahmarshi-dêça (le do-ab entre la Yamunâ et la Gangâ), au Kosala-Vidêha (Aoudh et Tirhut), au Magadha (Bihar) et ainsi dans tout l'Âryâvarta ou Hindûstân proprement dit, entre les deux chaînes opposées de l'Himâlaya et des Vindhyas; mais jusqu'à présent les manuels-ne font qu'un saut de la Bactriane à l'Indus. Notre devoir est d'entrer ici dans plus de détails, ne serait-ce que pour parer d'avance à une objection grave. Assurément, le lecteur devine déjà qu'à partir du Kapiça (première halte), les Aryens ont suivi la vieille route qui nous est devenue familière jusqu'à l'oasis de Jelâlâbâd (deuxième halte), et de là jusqu'au Gandhâra (troisième halte), d'où il leur a été loisible de se répandre par delà le grand fleuve, traversant successivement chacun de ses cinq affluents de gauche et annexant l'un après l'autre chacun des territoires « entre deux-eaux ». Mais ne croyons pas nous tirer d'affaire à si bon marché; car on ne manquera pas de nous demander comment le maigre débit d'une unique route de montagnes a pu suffire à déverser (et encore par saccades spasmodiques) un courant capable de submerger les innombrables kilomètres carrés du Pafijâb et d'imprégner le reste de la péninsule : un tel afflux de population, même en tenant le plus grand compte de sa multiplication sur place, a dû originairement emprunter plus d'un chenal. Or, nous croyons en effet en lire la preuve aussi bien sur la face du terrain que dans les textes du Vêda, et les notions géographiques dont témoignent ces derniers auront d'autant plus de poids qu'elles enfonceront une porte déjà ouverte.

Tout d'abord, c'est le moment de nous rappeler qu'au Kapiça deux routes s'ouvraient devant les immigrants aryens. Qu'ils aient pris dès l'abord, comme nous venons de le penser, la plus fréquentée et la plus directe, c'est ce que confirme la mention vêdique de la Kubhâ (c'est-à-dire de la rivière dite de Kâbul, mais en qui nous avons ci-dessus (p. 52) reconnu la continuation du Ghorband), de son affluent le Suvastu (Svât) et du pays où ils confluent, à savoir le Gandhâra. Mais un autre chemin s'offrait aux gens moins pressés d'arriver ou désireux de se ménager un débouché moins encombré sur la terre promise. Nous voulons parler de la grande artère qui a de tout temps relié le Kapiça à l'Arachôsie et de laquelle bifurquent nombre d'embranchements en direction du Panjâb. Les principaux d'entre eux empruntent pour atteindre l'Indus les vallées de ses deux autres grands tributaires de droite, le Kurram et le Gômal (cf. la carte de la fig. 4).

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