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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0091 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 91 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LES CULTES LOCAUX   Zs%

il devient bien difficile de ne pas se souvenir que la tradition tibétaine considère aussi l'Udiyâna, patrie de Padma-sambhava, comme la terre classique des enchanteurs et des mystères tantriques. Ouvrez enfin Hivan-tsang et vous apprendrez que les habitants de ladite région sont sournois et rusés et se font un métier de la pratique de la magie. Il y a là tout un ensemble de témoignages dont la concordance finit par impressionner (ii). Sans doute il faudra faire justice une fois pour toutes des exagérations calomnieuses sur les moeurs en même temps que des fables sur l'origine grecque des Kâfirs, et missi se tenir en garde contre les mélanges ethniques et les contaminations mentales apportés à toute époque par les réfugiés chassés des basses vallées : mais, ces réserves faites, il reste chance de dégager dans les cantons les phis écartés du massif central afghan et du versant indien de l'Hindûkush un stratum de civilisation non seulement antérieur à l'immigration aryenne, mais nettement inférieur à celui que caractérise le culte des dii minores et auquel restent attachées, aujourd'hui encore, les masses populaires indiennes.

Nous atteignons en effet à ce niveau le type le plus élémentaire des manifestations de l'instinct religieux chez l'animal humain : celui où il se borne à chercher l'accès du « divin » et la participation au « sacré » dans la volupté des rapports sexuels ou le délire de l'ivresse alcoolique. Ces moyens toujours prêts, et à la portée des pires « sauvages », de surexcitation individuelle ou collective sont évidemment antérieurs à leurs mystiques succédanés, ascèse et méditation, jeûne et extase ; mais sous leurs aspects contradictoires, ces procédés n'en poursuivent pas moins un même objet, à savoir une sorte de transport hors des bornes de l'humaine nature. Il est d'autant plus facile de suivre la progression des plus grossiers aux plus subtils que l'avènement des plus raffinés ne supprime nullement dans d'autres couches sociales l'emploi des plus vulgaires, et que nous les voyons se côtoyer à l'époque historique jusqu'à nos jours. A la vérité les pratiques orgiastiques, avec les croyances magiques dont elles s'accompagnent, poursuivent le plus souvent leur course souterraine sans que rien en transpire dans les témoignages écrits ou figurés. Pour prendre le cas de l'Inde, c'est à peine si nous en saisissons quelque trace dans un hymne tardif du Rig-Vêda (X, 136) qui nous donne, dit H. Oldenberg, « un vivant tableau des élans orgiastiques du vieux monde védique..., confinés encore dans les formes vulgaires du chamanisme primitif » (12). Les pages non ou mal brahmanisées du vieux recueil de sorcellerie que fut à l'origine le manuel des « Atharvan » (avestique « Athravan ») avant de devenir l'Atharva-Vêda baignent au contraire dans leur atmosphère érotico-magique; mais les rituels domestiques, les contes, les épopées n'y font à l'occasion que de discrètes allusions; et c'est seulement à partir du vie siècle de notre ère qu'elles commencent à s'étaler sans vergogne dans la littérature et l'art des diverses sectes hindoues. Aussi nombre de philologues, prompts à dater les idées et les faits du jour où apparaît leur attestation écrite, avaient-ils répandu l'opinion que le « tantrisme » — ainsi qu'on appelle à présent le vieil animisme ou spiritisme du nom des nouveaux livres (tantra) qui l'exposent — est une sorte de lèpre morale qui s'est déclarée au moyen âge et a envahi les doctrines et les iconographies aussi bien du bouddhisme que du brahmanisme. En fait nous assistons simplement à une sorte de bouleversement social, contre-coup des invasions barbares, qui amène à la surface la couche perpétuellement sous-jacente des plus anciennes superstitions. Loin d'être un développement nouveau, le tantrisme n'est, en un sens, qu'une régression : mais du fait qu'il affecte à présent jusqu'aux classes cultivées, il s'est trouvé du même coup susceptible d'expression littéraire ou artistique, et par là s'est tyranniquement imposé à l'attention des historiens. On ne saurait d'ailleurs contester l'importance de ce mouvement, non plus que l'ingéniosité de ses efforts spéculatifs pour «sublimer» les appétits les plus vulgaires de la bête humaine. De fait, cette résurgence d'un passé qu'on pouvait croire aboli a fini par résorber plus ou moins la plupart des manifestations

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