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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0099 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 99 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LES DIEUX ARYENS   265

réflexion on s'aperçoit qu'il ne s'agit pas ici de la Fortune personnifiée de la vieille ville royale, mais de la grande divinité tutélaire à laquelle était dédié son sanctuaire principal; et, comme l'image de celle-ci est, on le sait, accostée d'une part d'une montagne et de l'autre d'une protomé d'éléphant, on doit y reconnaître Indra au double signe indicatif de sa résidence et de sa monture favorites. Dès lors, loin d'être saugrenu, le choix de Zeus pour le figurer apparaît au contraire comme des mieux justifiés : car, dans les idées populaires (les seules dont il y ait lieu de tenir compte en cette occasion), Indra n'était autre que le Zeus Ombrios ou Jupiter Pluvius de l'Inde, et, tout comme le roi de l'Olympe, celui du mont Mêru est le porteur du foudre et le metteur en scène de l'arc-en-ciel. Nous sommes ainsi amenés à supposer que le grand dieu guerrier des hordes védiques avait, sitôt la haute barrière montagneuse franchie, comme pris possession du versant indien en s'installant sur le Mêru en .miniature que symbolisait au milieu de la péné-plaine du Kapiça la petite colline isolée dite aujourd'hui « du Héros ». L'hypothèse est même beaucoup moins hasardeuse qu'on ne pourrait croire puisque, d'une part, la très haute antiquité de Kâpiçî nous est attestée, et que, d'autre part, Strabon était informé qu'en outre de Dionysos, d'Héraklès, de la Gangâ et de leurs génies locaux, les Indiens avaient un culte pour le Zeus Ombrios (g). Enfin, une autre conjecture, celle-ci beaucoup plus risquée, vient naturellement à l'esprit : ne serait-ce pas l'installation triomphante du grand dieu aryen à Kâpiçî qui aurait forcé le « Grand-Seigneur » local à émigrer, comme nous l'avons vu (p. 258), traînant ses sectateurs et ses pèlerins à sa suite, de la montagne qu'il occupait à environ 70 li dans le Sud de la capitale jusqu'à l'autre versant du massif afghan ? Nous devons dire que le texte de Hivan-tsang ne suggère nullement l'idée que le fait, par ailleurs certain, de cette émigration remonte à une date aussi lointaine que celle de l'immigration védique. Il semble plutôt qu'il faille y reconnaître, bien des siècles plus tard, le résultat de la pression de la propagande bouddhique, quand celle-ci installa, ainsi que nous aurons bientôt à le dire, sur la propre colline d'Indra, un Lokêçvara de sa façon (5).

A ces remarques se borne tout ce qu'à notre connaissance les chercheurs ont cru discerner jusqu'à présent sur le sol tant battu du Nord-Ouest en fait de vestiges de la période védique. Cela ne veut assurément pas dire que les autres divinités, si nombreuses et, chacune pour sa part, si ambitieuses du panthéon aryen n'aient connu dans l'Inde du Nord ni culte ni fidèles : cela signifie simplement que nous ne leur retrouvons pas d'attache visible avec le terrain que nous explorons. Un exemple le fera bien comprendre. Sur beaucoup de bas-reliefs de l'école du Gandhâra nous reconnaissons le dieu Brahmâ, et sa figure, destinée à l'édification des zélateurs, leur était sans doute familière : mais il est clair qu'on ne nous le montre qu'associé à Indra dans leurs fonctions de machinistes des principaux miracles du Buddha. La raison de sa présence est donc à chercher dans la légende bouddhique, importée de l'Inde centrale, et non dans la tradition locale : aussi bien sur toute l'étendue de la péninsule le grand dieu des Brahmanes n'a-t-il, comme on sait, d'autre pied-à-terre que le site de Pushkar, dans le Râjputâna. A plus forte raison ne pouvons-nous faire grand état des divinités helléniques qui se montrent sur les monnaies indo-grecques et indo-scythes, sur ces dernières même avec leurs diverses appellations, indienne, perse ou grecque. Qu'elles aient été connues, voire adorées dans certains cercles plus ou moins officiels ou par certains groupes de la population, c'est ce qu'on ne peut guère contester : mais il faudrait des preuves beaucoup plus démonstratives pour établir qu'une Pallas-Athènè ou qu'un Poseidôn, par exemple, aient jamais pris racine dans le pays. Même sur les types d'Héraklès, dont nous possédons également des statuettes, ou sur tel médaillon de Dionysos trouvé à Taxila, on ne relève rien qui rappelle l'assimilation bien connue, du premier avec Krishna, du second avec Çiva (6). Il est vrai que l'occupation de l'Afghânistân et du Panjâb par les Gréco-Bactriens n'a guère duré qu'un siècle. La domination

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