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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0098 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 98 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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264   LES PROPAGANDES RELIGIEUSES

derniers d'entre les deux-fois-nés », des gens prêts à entreprendre d'introduire ce dieu de basse caste dans la société de Brahmâ et de Vishnu. Dans la fameuse litanie du Çatarudriya, qui fait partie de la recension du Yajur-Vêda blanc, l'identification de Çiva et de Rudra est déjà pleinement amorcée ; dans le Mahâbhârata, elle est devenue un fait accompli. Mais, en dépit de tous les panégyriques, l'usage le plus vigoureux de la « savonnette à vilain » n'a pu suffire à donner de bonnes manières à ce sauvage montagnard, dieu favori des gens de rien et dont l'emblème ordinaire, parfois traité de façon si réaliste, demande à tout le moins, pour se faire accepter des gens bien élevés, une forte transposition sur le plan symbolique (2).

Que les immigrants aryens aient adopté nombre de croyances locales, des plus basses aux plus hautes, nous en tenons la preuve : ils n'en ont pas moins importé avec eux dans l'Afghânistân oriental leurs dieux et leurs rites, tels qu'ils nous sont connus par le Vêda. Assurément ce serait beaucoup demander que d'en relever aujourd'hui une trace matérielle ou un souvenir quelconque. Pourtant un témoignage grec, qui, pour tardif qu'il soit, évoque une très ancienne coutume, a été signalé dans la Vie d' Apollonios de Tyane par M. Roger Goosens. Nous lui empruntons la traductio n de ce passage : « Les Indiens, disent-ils, racontent que le roi vient sur les bords du fleuve (Indus) à la saison des crues et qu'il lui sacrifie des taureaux ét des chevaux noirs... Après ce sacrifice il jette dans le fleuve une mesure d'or, semblable à celle qui sert à mesurer le blé... » Il n'y a aucune raison de mettre en doute ce renseignement. On pourrait même être tenté d'y voir une vieille pratique asianique, dédiée aux Nâgas du fleuve et antérieure à l'arrivée des Aryens. Toutefois, l'adjonction aux taureaux de victimes chevalines et l'usage perse, attesté par Hérodote, de propitier les divinités des rivières en leur immolant des chevaux donnent primâ facie à la description de Philostrate une couleur indo-iranienne. D'autre part tout indianiste devra aussitôt reconnaître que l'açvamêdha, le grand sacrifice exceptionnel comportant comme victime principale un unique cheval, tel qu'il nous est minutieusement décrit par les textes sanskrits, n'a qu'un très lointain rapport avec ces immolations annuelles. Celles-ci rappelleraient plutôt, dans la forme sinon dans le fond, Ies hécatombes auxquelles font allusion des stances traditionnelles citées par le Çatapathabrâhmana et qui auraient signalé le passage victorieux de la Yamunâ et de la Gangâ par les tribus vêdiques (3). Mais, comme l'a déjà vu notre rhéteur, sur le sacrifice sanglant est venu se greffer « un rite de fécondité », inspiré de la croyance au rôle du roi comme gérant responsable de la prospérité de son royaume; et le but évident du geste final est d'assurer d'abondantes récoltes aux pays riverains de l'Indus. La complexité du cas en rend ainsi l'interprétation malaisée. Certes nous savons que les brahmanes à-demi mages du Gandhâra étaient restés étrangers au développement de la liturgie brahmanique, telle que celle-ci s'était élaborée et codifiée dans le « Pays du Milieu », le seul que Manu considère comme orthodoxe ; et rien, par suite, n'empêcherait qu'ils se

soient attardés jusqu'au temps de la domination parthe à des coutumes archaïsantes : c'est néanmoins sous toutes réserves qu'on peut essayer de deviner dans la cérémonie dont auraient été témoins Apollonios de Tyane et son compagnon Damis une survivance des premiers temps vêdiques.

A ce frêle témoignage relatif au rituel pouvons-nous en ajouter un qui vise les dieux eux-

mêmes ? Il semble qu'il y ait au moins un cas où la réponse puisse être affirmative. Ainsi que l'a depuis longtemps remarqué E. J. Rapson, Eukratidès et Antialkidas ont frappé un type de « Zeus assis sur un trône » que le premier de ces deux dynastes désigne expressément en exergue comme étant la « dêvatâ de la ville de Kâpiçî ». L'idée de représenter la patronne d'une ville par le grand dieu de l'Olympe a paru d'abord d'autant plus surprenante que les nagara-dêvatâ sont familières à l'école gandhârienne sous l'aspect classique de nos cités couronnées de tours. A la