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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0056 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 56 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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222   LES GRANDES INVASIONS

raire. Comment en effet ne pas être tenté de tenir pour une invention apocryphe la rencontre que le théosophe aurait faite dans cette ville indienne d'un roi Parthe, et, qui plus est, d'un Parthe assez frotté d'hellénisme pour qu'ils aient pu d'emblée entrer en conversation sans le secours d'un interprète ? Préparez-vous pourtant à admettre, puisque les fouilles l'attestent, le fait beaucoup plus surprenant que le dit potentat le reçut dans une ville entièrement construite sous l'administration des Grecs et des Scytho-Parthes, et qui en porte à chaque pas la marque. La vieille cité des Achéménides, d'Alexandre et des Mauryas, représentée par le monticule de Bhir, avait été délaissée dès le temps des Indo-Grecs pour l'emplacement actuellement connu sous le nom de Sir-Kap : et comme, grâce à Sir John Marshall, ce dernier site est demeuré ouvert à la page du Ier siècle de notre ère, chacun peut aller voir de ses yeux le temple, situé au Nord de la ville, où Apollonios dut attendre la réponse à sa demande d'audience, les fortifications de la cité, et, droit dans le prolongement de la porte septentrionale, la grand-rue, coupée perpendiculairement d'étroites ruelles, qui le conduisit au spacieux, mais modeste palais royal situé dans le quartier du centre; et là, à relire Philostrate dans l'ambiance locale, force sera de reconnaître que, pour corser sa biographie romancée, il a ici retenu de la relation de Damis, le compagnon d'Apollonios, quelques données vraiment topiques (6).

LES GRANDS KusHANs. — On voudrait s'arrêter plus longtemps à chaque fois que l'on se sent sur un terrain relativement solide : mais déjà le sol recommence à se dérober sous nos pas. Après avoir passé en trois siècles des Grecs aux Mauryas, des Mauryas aux Indo-Grecs et des Indo-Grecs aux Scytho-Parthes, l'empire de l'Inde du Nord-Ouest va échoir à présent aux Kushâns : et l'on discute encore pour savoir qui sont au juste ces nouveaux maîtres. Nous commençons toutefois à entrevoir plus clairement quelles difficultés se trouvent à l'origine de tant de controverses. Elles sont de deux sortes. Les premières, toutes formelles, tiennent uniquement à la nomenclature, mais n'ont pas été pour cela les plus commodes à débrouiller. Sinologues, indianistes, et iranisants sont vraiment excusables d'avoii mis quelque temps à s'apercevoir que les TaYue-tche, Yue-tche et Tou-houo-lo des Chinois, Tokharoi et Thagouroi des Grecs, Tochari et Thogarii des Latins, Tukhâra et Tushâra des Indiens, Tho-Kar et Thod-Kar des Tibétains, Tokhri des Ouïgours, etc... désignaient en définitive le même peuple ; que ce peuple foncièrement nomade a promené avec lui ces appellations d'un bout à l'autre de l'Asie centrale ; qu'il les a finalement localisées dans le Tokhârestân des géographes arabes; et que ce pays, à cheval sur l'Oxus, comprenait à la fois une partie de la Sogdiane (Sou-li) et la Bactriane (Ta-Hia). Mais enfin les dernières recherches (7) tendent à nous tirer de l'embarras où nous a jetés ce brouillamini de noms disparates. Il devient chaque jour plus évident que si les féaux sujets de la dynastie des Kushâns ne sont pas les Tukhâras, ce sont leurs doubles; et que si les Tou-houo-lo ne continuent pas les Ta-Yue-tche, c'est que ceux-ci se seraient volatilisés sur place et auraient été magiquement remplacés par un peuple sosie. Il est dès lors permis de ne plus se laisser arrêter par des complications purement verbales.

L'autre grande difficulté tient au fond des choses. Puisque ces nouveaux conquérants nomades nous arrivent, comme l'exposent les historiens chinois et comme nous n'avons aucune raison d'en douter, des parages du Kan-sou, c'est-à-dire de la Sérique, par-delà les bornes de la Scythie, il est naturel de penser que nous avons affaire, dès cette fois, à des Turco-Mongols. Mais alors comment se fait-il que quand, au terme de leur migration, ils émergent en Bactriane, ils se trouvent écrire une langue iranienne en un alphabet grec ? Le contraste est si surprenant entre la forme. de civilisation qu'on peut leur supposer au départ et celle qu'on constate chez eux à