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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0035 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 35 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LES CONQUÊTES IRANIENNES ET IRANO-GRECQUES

sans conteste les habitants de la vallée de l'Aréios, aujourd'hui l'Héri-rûd, et les Sarangéens les riverains du Zarah (Zirreh) ou grand lac marécageux — alors beaucoup plus vaste, mais dès lors à niveau oscillant selon les saisons — où se concentre le drainage de tout le 'versant méridional des montagnes afghanes. Les Ariaspiens, dits les Évergètes, ne nous sont pas non plus inconnus; mais il faut avouer que nous aurions eu quelque peine à les reconnaître sous cette désignation nouvelle, si un passage de Ktésias, conservé par Photius, n'établissait par bonne chance leur identité. Les « Bienfaiteurs » qui avaient gagné leur surnom en apportant en un moment critique à Cyrus, engagé contre les Scythes de la steppe nordique, leur assistance victorieuse, ne sont autres que les « Sakas du roi Amorgès », c'est-à-dire les Sakai Amyrgioi du Sakastâna ou Séistân (supra, p. 198). Qu'Alexandre, en tournant à l'Est, soit forcément entré chez eux et ait dû traverser d'Ouest en Est le Dasht-é-Margo actuel, alors moins désertique qu'aujourd'hui, c'est ce que la géographie nous force à admettre : mais les philologues sont ainsi faits que le texte de Ktésias n'en sera pas moins bienvenu à leurs yeux ; et peut-être seront-ils les premiers tentés d'identifier « la plaine de Margo », encerclée par la boucle de l'Etymander ou Hêlmand, avec la « plaine amyrgienne des Saces » mentionnée dans le fragment no 171 d'Hellanikos. Il faut croire que Cyrus avait su faire de toutes manières la conquête des Scythes Amyrgiens pour qu'ils soient ainsi venus à son secours contre leurs propres congénères. Pour l'amour de son « prédécesseur » Alexandre aurait à leur égard renchéri de générosité (16). Les Arachôsiens, chez qui il arrive ensuite, ne semblent pas non plus lui avoir donné grand mal à soumettre : toutefois, tandis que, d'après Quinte-Curce, il laisse aux Evergètes leur chef Aménidès, ancien secrétaire de Darius, il prépose à l'Arachôsie un satrape grec, Ménon, appuyé sur une solide garnison. Mais déjà le moment est venu pour lui de s'enfoncer vers le Nord dans les replis dénudés des montagnes : et là nous entrons dans un tout autre monde — un monde encore aujourd'hui pour la plus grande partie inexploré. L'intérieur du massif afghan où il lui faut nécessairement s'engager est, nous dit-on, peuplé de gens « presque inconnus de leurs voisins, avec lesquels ils se refusent à entretenir aucun commerce, rustres qui sont ce qu'on peut trouver de plus sauvage parmi les Barbares, comme si l'âpreté de leur pays leur avait ankylosé l'esprit... » Ces pâtres montagnards — classés par Arrien comme une variété d'Indiens pour la seule raison que ce ne sont plus des Iraniens — représentent-ils, comme tout nous invite à le croire (cf. supra, p. 196 et infra, p. 232), les Sattagydes d'Hérodote et les Hazâreh actuels ? En tout cas la description que Quinte-Curce nous donne de leur réserve farouche et de leurs maisons, entièrement construites en terre, où ils s'enferment pendant tout l'hiver et qui ne se distinguent des pentes auxquelles elles s'accrochent que grâce à la fumée sortant par l'ouverture ménagée dans la voûte du toit, a aussitôt évoqué à l'esprit du capitaine Ferrier, et évoquera à celui de quiconque a traversé la région, les conditions actuelles de la vie des pâtres de l'Hazârajât. Leur absence d'organisation sociale et politique les empêcha d'ailleurs, en dépit de leur courage personnel, d'opposer aucune espèce de résistance; et les grandes souffrances qu'endurèrent les soldats furent uniquement dues aux privations, à la neige et au froid des hautes altitudes. Sachant ce que nous savons, nous concevons leur allégresse quand enfin, les montagnes traversées, ils se retrouvèrent à nouveau en pays civilisé et fertile sûr le plateau du Kapiça.

Si ce récit circonstancié nous donne quelque idée de l'ethnographie de la contrée, il ne suffit malheureusement pas à préciser dans le détail l'itinéraire d'Alexandre. A vrai dire, c'est là un point dont il ne semble pas qu'on se soit beaucoup préoccupé jusqu'ici. Tout le monde ne connaît-il pas la route qui mène actuellement de Kâbul à Hérât par Ghaznî, Kandahâr et Farâh (cf. la carte, fig. 3 et 4) ? Quoi de plus simple que d'admettre que c'est celle-là même qu'Alexandre

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