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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0025 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 25 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LES CONQUÊTES IRANIENNES ET IRANO-GRECQUES

ils assurent que la coquille reconstitue l'animal. Jamais d'ailleurs plus digne mortel ne se prêta plus volontiers à l'apothéose. Jadis, dans les classes de rhétorique, on reprochait amèrement au Macédonien d'avoir peu à peu abandonné pour les coutumés théocratiques des Perses les façons démocratiques des Hèllènes : la mode s'introduit aujourd'hui de l'en féliciter, comme d'une marque d'un sens politique profond, et d'y voir une tentative à longue portée pour rapprocher vainqueurs et vaincus et fondre ensemble l'Europe et l'Asie. Mais peut-être les plus récents historiens ont-ils été un peu trop hypnotisés par les questions d'étiquette de cour qui devaient successivement coûter la vie à Philotas, à Kleitos et à Kallisthène. C'est assurément là l'aspect le plus tragique, mais aussi le plus étroit, de cette inévitable évolution. Qu'on veuille bien y réfléchir : la défaite, la fuite et la mort lamentable de Darius III n'ont pas seulement fait d'Alexandre le prisonnier du protocole achéménide. De démolisseur de l'empire il était devenu, du jour au lendemain, son restaurateur. Quoi qu'il en eût, il était dès lors enfermé, lui, ses généraux, ses soldats et ses scribes, dans la forte armature de l'administration perse, aussi bien militaire que civile. Au cours de ses interminables marches, son. « Intelligence Service » n'avait et ne pouvait avoir en réserve que les renseignements déjà recueillis par les satrapes iraniens. Ce n'était pas pour rien que des représentants de l'aristocratie locale, tels qu'Artabazès, Phrataphernès, Tyriaspès et Oxyartès, le père de Roxane — sans oublier le réfugié indien Sisikottos qui, avant de s'attacher à la fortune d'Alexandre, avait suivi celle de Bessos — vivaient dans son entourage ou remplissaient des charges en son nom. Il pouvait bien prétendre qu'il ne suivait d'autres traces que celles de Dionysos et d'Héraklès; en fait, il ne faisait que poser les pieds dans les empreintes laissées par Cyrus et par Darius Ie1, et on ne voit pas comment il aurait pu faire autre chose. Bref, tout nous donne à penser que sur toutes les marches orientales de l'immense empire dont son génie militaire l'avait fait héritier, du côté de l'Indus comme du côté de l'Yaxarte, il s'est en fait borné, de bon ou de mauvais gré, à reprendre en sous-oeuvre les conquêtes des premiers Achéménides et à rétablir leur frontière au point où ils l'avaient poussée.

C'est de ce biais que le récit bien connu de l'expédition indienne d'Alexandre peut nous servir à éclairer rétrospectivement celles de ses prédécesseurs, en même temps que le simple rappel de celles-ci nous donne la clef d'une véritable énigme historique. Pourquoi le conquérant macédonien ne put-il dépasser la ligne de l'Hyphasis (Vipâçâ, Biâs) ? — Parce que, nul ne l'ignore, son armée se refusa à le suivre plus 'avant. — Mais pourquoi s'y refusa-t-elle ?... Aucun des arguments contenus dans le plaidoyer explicatif que Quinte-Curce et Arrien ont mis tour à tour dans la bouche du général de cavalerie Koinos n'est à ce point de vue convaincant : car ils auraient pu tout aussi bien déterminer les soldats à s'arrêter dès l'Indus et n'ont par conséquent aucune valeur topique. Sans doute, les renseignements recueillis sur les vastes royaumes du bassin du Gange et leurs troupes innombrables ne sont rien moins que rassurants; sans doute l'armée, très éprouvée par la saison des pluies et décimée par les maladies, est lasse, et ses armes comme son équipement commencent à être hors de service; et enfin nous sommes libres de croire qu'alourdie par son butin, elle soit prise de la nostalgie du retour. Mais si elle a soudain perdu l'élan qui l'animait encore au passage de l'Hydaspe, c'est qu'il est intervenu un fait nouveau; et ce fait, nous le voyons bien à présent : c'est qu'elle se sent parvenue de ce côté au terme de la tâche universellement et tacitement acceptée, à savoir, rétablir au profit des Grecs l'empire des Perses. Il faudra qu'Alexandre en fasse son deuil : il n'atteindra pas l'Océan oriental en suivant le cours encore inexploré du Gange. Mais qu'à cela ne tienne : au nom de l'armée, Koinos déclare qu'en revanche tous sont prêts à descendre avec lui l'Indus jusqu'à la mer (3). Et pourquoi cette apparente concession ? — Toujours pour la même raison : parce qu'aucun de ses officiers n'ignore que le Sindh a naguère

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