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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0046 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 46 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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212   LES GRANDES INVASIONS

et c'est probablement elle qui se cache sous la « Katisa » des manuscrits de Ptolémée, encore que ceux-ci la placent à deux degrés de latitude trop au Nord. Or, E. J. Rapson a relevé son nom, sous la forme « Kaviçi », au revers d'une monnaie d'Euthydème refrappée par Eukratidès ; et, comme pour authentifier d'avance la relation du pèlerin chinois Hivan-tsang, la divinité protectrice de la ville est assise entre les symboles des deux sites sacrés que ce dernier notera dans son voisinage, d'un côté sa colline miraculeusement hantée, et de l'autre, la protomè d'éléphant de Pîlu-sir (cf. supra p. 141-2 et infra, p. 256 et 364). Cette fois nous marchons sur le terrain solide des réalités archéologiques; et en même temps nous tenons la preuve matérielle que les Indo-Grecs étaient familiers avec les croyances populaires de leur pays d'adoption. Aussi quand, de son côté, l'auteur, sûrement bien informé des choses et des gens du Nord-Ouest, auquel nous devons la partie originale des « Questions de Milinda » (ch. I-III), fait dire incidemment à ce roi qu'il était né au « village de Kalasi dans le dvîpa d'Alasanda », telle est la force de cohésion qui émane de ces diverses données que nous n'hésitons pas à entendre, au prix d'une correction graphique des plus aisées à justifier, que Ménandre était natif « de la ville indigène de Kavisi (skt. Kâpiçî) dans le district d'Alexandrie-sous-Caucase » (32).

Tenterons-nous à l'aide des nouveaux renseignements dont nous disposons de serrer davantage cette question et d'en tirer des conséquences intéressantes pour la biographie de ce soldat heureux qui finit par devenir roi ? Dès la réoccupation du Kapiça par Euthydème, cent ans à peine après son évacuation par Séleukos Nikatôr, les deux principales localités, d'ailleurs situées dans le voisinage et en vue l'une de l'autre, reprirent le rôle qu'Alexandre leur avait jadis distribué. Alexandrie redevint naturellement le chef-lieu et le siège du strategos de la garnison; mais le Basiléion de la « native city », comme on dirait aujourd'hui, à savoir Kâpiçî, dut être à nouveau occupé par le gouverneur civil, que celui-ci portât ou non le titre de méridarque (33). Aussi la première idée qui vienne à l'esprit est-elle de supposer que Ménandre était le fils de quelque magistrat et eut, comme on dit, dès sa naissance « le pied à l'étrier ». Mais à la réflexion on s'aperçoit que cette complaisante hypothèse se heurte à une impossibilité historique. Il est à peine nécessaire de rappeler que Ménandre n'appartient pas à la génération d'Euthydème de Magnésie, mais à celle de Dèmètrios, née et élevée en Moyen-Orient. D'autre part, nous savons, par la série continue de ses très nombreuses monnaies, qu'il vécut jusqu'à un âge avancé; et si sa mort se place bien entre 15o et 145, il dut voir le jour au plus tard dans l'avant-dernière décade du me siècle avant notre ère. Dès lors, en quelque lieu des Paropanisades que sa famille fût établie, ce ne pouvait être celle d'un fonctionnaire, mais seulement celle d'un marchand grec que ses intérêts particuliers avaient retenu en pays redevenu indien — tout pareil en somme à ces Hindkîs, c'est-à-dire Hindous, qui, en dépit du risque à courir, sont toujours restés enracinés dans le bâzâr du Kâbul musulman. Aussi bien la pacifique rétrocession d'une partie de l'Ariane n'était-elle pas, pour autant que nous sachions, de nature à provoquer la totale émigration de la colonie Yavana (cf. infra, p. 313-4). Est-il à présent besoin de faire remarquer que, jadis comme aujourd'hui, la résidence de ces sortes de négociants ne pouvait être qu'une ville importante, et de préférence la capitale ? Faut-il rappeler ce que nous savons du grand rôle commercial de Kâpiçi, située qu'elle était (tout comme Bactres, son pendant sur l'autre versant de l'Hindûkush) au noeud de toutes les grandes voies de communication entre l'Inde et la Haute-Agie ? Devons-nous enfin noter que les dernières fouilles de M. et Mme J. Hackin au Bêgrâm du Kohistân de Kâbul (34) semblent avoir justement exhumé l'entrepôt d'un de ces négociants, à la fois importateur et exportateur de produits industriels de l'Hindûstân et de la Syrie ? On le voit : de même que toutes les données géographiques, tous les faits historiques, jusqu'aux plus récemment découverts, s'accordent, se complètent et tendent à se souder en un ensemble parfaitement cohérent.