国立情報学研究所 - ディジタル・シルクロード・プロジェクト
『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

> > > >
カラー New!IIIFカラー高解像度 白黒高解像度 PDF   日本語 English
0032 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 32 ページ(カラー画像)

New!引用情報

doi: 10.20676/00000237
引用形式選択: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR読み取り結果

 

198   LES GRANDES INVASIONS

n'est pas même prononcé ; et Hérodote ne reprend pas davantage celui de la Paktyikè (à distinguer de celle de la XIIIe satrapie), qu'il emploie ailleurs par deux fois (III, 102 et IV, 44) pour désigner la région montagneuse (dite aujourd'hui des monts Suléimân) qui domine de haut, à l'Ouest, la plaine de Multân. C'est, nous fera-t-on judicieusement observer, qu'il ne songe nullement à nous donner une leçon de géographie, mais se borne à recopier un document administratif énumérant les principales nations contribuables du Trésor impérial. — D'accord : mais en substituant à des dénominations déjà familières celles des Sakai et des Kaspioi, sa liste et lui n'en ont pas moins créé quelque confusion dans l'esprit des philologues classiques. En ce qui concerne les Kaspioi, les hellénistes n'ont songé qu'à corriger cette mention « fautive », pour la raison qu'ils les avaient déjà rencontrés dans la Xe satrapie et, comme il convenait, près de la mer Caspienne. Quant aux Sakai, c'est-à-dire aux Scythes, ils les cherchaient non moins naturellement en Scythie, parmi les tribus nomades répandues sur tous les confins septentrionaux de l'empire, depuis celles du Nord du Pont-Euxin, contre lesquelles Darius a mené en personne une expédition fameuse, jusqu'à celles de l'Est de la Caspienne, « par delà la Sogdiane », aux mains desquelles Cyrus a, dit-on, trouvé la mort. Ils oubliaient qu'il y avait aussi, à l'intérieur des frontières, des tribus scythes, sortes de sédiments déposés là par les périodiques débordements de l'immense réservoir d'hommes qu'était la steppe eurasienne (cf. supra, p. 187). Il apparaît donc que, sur ces deux points, les indianistes peuvent les aider à se tirer d'embarras. Tout d'abord les Kaspioi ne sont pas (on l'a vu) les seuls peuples qui aient des homonymes dans d'autres satrapies, et leur nom ne réclame aucune correction. Il s'agit, dans la XVe, des Kassapîyas, ou habitants du pays qui a pour capitale la ville (pura) de Kassapa; et cette forme de dérivation est si courante en grammaire indienne que le nom plein du chef-lieu a encore fourni le doublet de Kassapa(p)uriyas dans lequel nous devons reconnaître six cents ans plus tard (après la chute, normale en prâkrit, de l'explosive intervocalique), les Kaspeiraioi de Ptolémée; car l'astronome-géographe les place, lui aussi, « en aval des sources », c'est-à-dire sur le cours moyen des trois rivières Jhêlam, Chinâb et Râvî. Dans l'un comme dans l'autre cas, il s'agit donc toujours des gens du Bas-Panjâb, capitale Kaspapyros-Multân — les mêmes, soit dit en passant, que les historiens d'Alexandre s'obstinent entre temps, comme pour mieux nous égarer, à ne désigner que par leur appellation tribale de Malloi (13). D'autre part, les Sakas dont il est ici question sont ceux qu'a conquis Cyrus et que Darius a soumis à nouveau après leur rébellion, ceux-là mêmes qui, dès longtemps incorporés à l'empire, viennent, comme le dit explicitement Hérodote, de fournir à Xerxès le gros du contingent scythe enrôlé dans sa grande armée, bref les Scythes Amyrgioi (Haumavargas) du Sakastâna ou Séistân (14). Dès lors, on s'aperçoit que les pays respectifs de ces Sakai et de ces Kaspioi ne sont pas tellement écartés l'un de l'autre qu'ils ne puissent former ensemble un nome; et, comme une clarté ne vient jamais seule, on comprend du même coup pourquoi Hékatée spécifie que sa ville « gandarique » de Kaspapyros était « limitrophe des Scythes » — entendez des Scythes de la Sakastènè.

Mais prenons garde de croire triompher trop vite de nos difficultés. Nous venons fort imprudemment de rappeler que, selon Hékatée, Kaspapyros était une « ville gandarique » : or justement cette ville et les habitants de sa province ne font plus partie sur le tableau d'Hérodote de la même satrapie que le « Gandâra ». Bien que l'historien attribue à Darius ler l'organisation fiscale de l'empire, il faut donc que Xerxès ou Artaxerxès Ier y aient apporté quelques retouches ; et l'une de celles-ci se traduit justement par une répartition nouvelle des districts compris dans l'Afghânistân et le Panjâb actuels. Ainsi qu'on peut voir sur la carte (fig. 35), ce vaste domaine a été coupé en deux parties à peu près égales par une ligne transversale Est-Ouest. Le Gandhâra s'est ainsi trouvé accru des Sattagydes et autres tribus montagnardes; mais en revanche il a été amputé