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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0054 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 54 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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220   LES GRANDES INVASIONS

des dynastes qui se contentent du titre, d'ailleurs ronflant, de Sôtèr Mégas ôu « Grand Sauveur » : car cette lignée qui a frappé d'innombrables sous de cuivre, avec lesquels nous avons encore fait notre marché au bâzâr de Balkh, nous a laissé le soin de conjecturer son identité (3). Ajoutons que nos sources classiques ne tarderont pas à tarir; et, faute de documents, il nous faudrait sans doute abandonner la partie si, par bonne chance, les témoignages chinois ne venaient à notre secours. Grâce aux informations conservées dans les Annales officielles, grâce surtout aux relations laissées par les pèlerins bouddhiques qui ont visité l'Inde, grâce enfin aux sinologues qui ont traduit à notre usage ces notes et ces relations, nous trouverons de quoi glaner jusqu'à l'arrivée des Musulmans.

ÇAKAS ET PAHLAVAS. - On a pris l'habitude, à la suite des textes indiens, d'associer les noms de ces deux peuples dont les destinées vont d'ailleurs s'enchevêtrer presque inextricablement dans la région qui nous occupe : et en effet, Iraniens les uns et les autres, les Scythes en question et les Parthes étaient cousins, bien qu'ennemis —l'Inde disait : « donc ennemis ». La plus importante leçon qu'ils nous donnent est de nous mettre en garde contre la tentation de faire entrer indistinctement tous les envahisseurs de l'Inde par l'étroit couloir du Nord-Ouest. Quand vers 135 avant J.-C. des hordes Çaka, cédant à la pression de nomades plus puissants (nous verrons bientôt lesquels, infra, p. 224), débordèrent l'Oxus et inondèrent la Bactriane, sans doute Hèlioklès et ses Yavanas, déjà harassés par leurs luttes contre les Parthes, n'eurent devant ce déluge humain d'autre ressource que de gagner la montagne : mais ils surent fermer derrière eux les passes, faciles à défendre, de l'Hindûkush et, restés maîtres de la grand-route, ils assurèrent ainsi près d'un siècle de survie aux royaumes grecs du Kapiça et du Paiïjâb. Encombrés de tous leurs impedimenta, les fuyards qui les avaient chassés durent s'arrêter au pied des hautes murailles calcaires que nous avons décrites (supra, p. x6) et, refluant devant l'obstacle, se déversèrent forcément vers le Sud-Ouest, en direction de l'Arie : mais là ils se heurtent au royaume parthe, que les conquêtes de Mithridate Ier avaient déjà rendu puissant, et passent pour un instant sur les confins encore éclairés de l'histoire grecque.

Au début, nous dit Justin (ch. xLII), l'orgueil parthique semble s'être médiocrement ému de ces mouvements de tribus, et le fils de Mithridate Ief, Arsace Théopatôr Phraate II (138-128 av. J.-C.) croit même pouvoir s'en servir à sa guise dans sa lutte victorieuse contre le Séleucide Antiochos VII (138-129). Mais les Scythes qu'il a appelés, bien que survenus trop tard, réclament leur solde et, dans la lutte qu'il leur livre, les troupes gréco-syriennes qu'il a enrôlées de force dans son armée passent à l'ennemi et tuent leur nouveau maître. Artaban, oncle paternel de Phraate, le remplace (128-123). Les Scythes, incapables de profiter autrement de leur victoire, ravagent la Parthie et « s'en retournent dans leur pays ». Il faut entendre qu'ils prirent la route du Séistân, où ils retrouvaient des congénères : car, non seulement il n'y avait plus de place pour eux en Bactriane, mais encore celle-ci continuait à épancher son trop-plein d'envahisseurs, et nous verrons mieux tout à l'heure pourquoi Justin donne à ces derniers l'appellation globale de Thogarii. Artaban porte la guerre contre eux et, blessé au bras par une flèche empoisonnée, meurt de sa blessure; toutefois, son fils Arsace Épiphane Mithridate II le Grand (123-88) continue à faire tête et venge par ses victoires son père et son cousin. Sans doute il ne réussit pas à exterminer les Scythes comme Marius fit en 102-101 des Teutons et des Cimbres : ils étaient trop nombreux pour cela. Mais d'une part il endigue du 'côté du Nord-Est toute avance nouvelle et, de l'autre, contraint les tribus qui avaient pénétré dans ses provinces orientales à se rabattre une fois de plus sur la ligne de moindre résistance, -vers la Drangiane et le Séistân, d'où, par les routes d'Arachôsie et de Gédrôsie, elles se répandent jusque dans le Sindh. Aussi est-ce en remontant l'Indus sur ses deux rives que vers