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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0062 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 62 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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228   LES GRANDES INVASIONS

l'avers comme au revers) et les exergues en alphabet tokhâro-grec de son monnayage. En tout cas le prestige du nom n'est pas encore près de s'éteindre : et l'on songe à l'éclat qui environnait encore le trône de Delhi alors que le Grand-Moghol n'était déjà plus qu'un jouet aux mains des Mahrattes ou des Afghans. La fameuse inscription laudative de Samudragupta, sur le pilier d'Allahâbâd (entre 345 et 36o) le félicite d'avoir entretenu avec le Daivaputra-Shâhi-Shâhânusllâhi les meilleures relations diplomatiques. De fait, pendant sa tournée de conquêtes à travers les Indes, il s'est toujours tenu à distance respectueuse des frontières de son collègue du Nord-Ouest dont le sépare une zone d'états-tampons plus ou moins médiatisés : et si l'on dessine sur la carte les limites extrêmes de l'empire Gupta, on constate, par une contre-épreuve facile, que celui du « Fils-de-Dieu, le shâh, shâh des shâhs », s'étendait encore, au moins nominalement, à tout le bassin de l'Indus (18). En même temps, fait nouveau dans l'histoire, l'Inde du Nord, non contente d'absorber ses envahisseurs scythes, entreprend à son tour de coloniser la Scythie de par delà l'Imaüs. Ses marchands se répandent le long de toutes les routes commerciales de l'Asie centrale, où on les trouve encore ; et dans les oasis méridionales du bassin du Tarim, l'immigration indienne est même assez forte pour qu'un prâkrit y soit employé comme langue administrative, concurremment avec le dialecte iranien local. Nous devons précieusement marquer au passage ce nouveau moment de. pacifique équilibre entre l'Irân des Sassanides et l'Inde des Guptas; par ses heureux effets sur le développement des échanges de marchandises et d'idées, il est tout à fait comparable (sauf que dans l'intervalle l'Irân s'est agrandi et l'Inde diminuée) à celui que nous avons noté, six siècles plus tôt, entre les Séleucides et les Mauryas (supra, p. 209, et infra, p. 368).

Malheureusement pour la civilisation, une nouvelle crise d'excitation fébrile s'empare des tribus de l'Asie turco-mongole et nous allons avoir à enregistrer les effets encore plus funestes de nouvelles migrations. Faut-il reconnaître les Jouan-Jouan, c'est-à-dire les Avares, dans ces Chionitm, avec lesquels Shâpur II eut maille à partir, mais dont il se fit des alliés et dont, nous dit Ammien Marcellin, il emmena un contingent, en compagnie de ses vassaux « Cuseni » et « Segestani », au siège d'Amida, c'est-à-dire de Diârbekir (359) ? Que faire ensuite de ces Kidaridm (Kidâra, Ki-to-lo) avec qui les Perses eurent à soutenir une lutte très dure, et en qui les historiens byzantins voient déjà des « Hounnoi » ? Bien que les Chinois les qualifient encore de Ta-Yue-tche et qu'ils en continuent le monnayage, nous ne saurions davantage les prendre pour d'authentiques successeurs des Kushâns. Sont-ce toujours les Jouan-Jouan comme le veut d'abord le Pei che, ou, comme il dit au feuillet suivant, sont-ce déjà les Hiong-riou qui forcèrent les Ki-to-lo à chercher, ou plus exactement à se créer un asile sur le versant méridional de l'Hindûkush en conquérant successivement quatre royaumes (évidemment Bâmyân, le Kapiça, le Lampaka et Nagarahâra), puis finalément le Gandhâra ? Pour une fois le témoignage indien est ici positif : ce sont bien des Hûnas qui pourchassèrent les Kidâras d'étape en étape, tout le long de la route de l'Inde, jusqu'au Gandhâra et même ensuite jusqu'au Kaçmîr 49). Ces Hûnas sont les Huns que nous appelons « Hephtalites » du nom de leur dynastie, de même que la maison des Kushâns a substitué son appellation à celle des Tukhâras. Tandis que leurs congénères se répandaient à l'Ouest sur l'Europe entière, ceux-ci prirent la route du Sud dès que leur écrasante victoire, en 484, sur Pêrôz la leur ouvrit toute grande; et leurs hordes foulèrent à nouveau les routes du Nord-Ouest pour pénétrer jusque dans le Paiijâb et le Mâlva. Elles S apportaient une nouveauté, à savoir ce don de cruauté froide qui continuera avec Chengiz-Khân et Tamerlan à rester l'attribut caractéristique de leur race et le principe directeur de leur stratégie. L'Inde, habituée à ne pas séparer la notion d'humanité de celle de pitié, fut à ce point horrifiée devant un Mihirakula capable de tuer méthodiquement trois « crores » (trente millions) d'hommes, qu'elle nous a conservé le sou-