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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0084 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 84 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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25o   LES GRANDES INVASIONS

exacts et topiques pour nous permettre de dresser la carte de la frontière politique et religieuse entre l'Inde et les pays déjà islamisés à la veille des incursions de Mahmûd de Ghaznî (voir la carte de la fig. 4o). Partant du littoral de la Mer d'Oman, la ligne de démarcation commençait par englober sur la rive gauche de l'Indus la province du Sindh et celle de Multân, d'ailleurs indépendantes l'une de l'autre, tout comme au temps des Achéménides et comme aujourd'hui (supra, p. 193 s. et luira, p. 366). La frontière poussait ensuite une sorte de coin jusqu'au coeur du Panjâb pour embrasser Lahore, mais laissait Jalhandâr au puissant râja de Kanauj et tout le « Nord-Ouest » aux Shâhis hindous. S'infléchissant largement vers le Sud-Ouest, elle contournait la région montagneuse des monts Suléimân et de l'Hazârajât actuel, bref toute la partie orientale du massif afghan qui n'était encore qu'un repaire d'infidèles : mais cette sorte de Kâfiristân méridional était déjà coupée en son milieu par le couloir que jalonnent Kâbul, Ghaznî et Kandahâr. Nous apprenons que la limite orientale de ce corridor passait par Gardêz, carrefour de routes bien connu à environ 6o kilomètres à l'Est de Ghaznî. Elle atteignait ensuite le point de transition entre le Haut-pays déjà conquis et le Bas-pays resté indien là où chacun est d'accord pour le placer, aux environs du col de Jegdalik, et abandonnait sans doute la vallée du Surkh-rûd au district de Nagarahâra. De là elle suivait la ligne de faîte qui borde à l'Est l'ancien Kapiça jusqu'aux abords du confluent du Ghorband et du Panjshîr. Parvân, qui domine de haut ce confluent, et la vallée même du Panjshîr (celle-ci sans doute à cause de ses mines d'argent dont le produit se monnayait dans l'Andar-âb) nous sont expressément donnés comme annexés au Khorâsân. La frontière des Kâfirs septentrionaux se tenait donc à distance respectueuse du talweg de cette rivière, sur sa rive gauche, pour aller rejoindre dans la direction du Nord-Est la marche du Wakhân, dont le destin a toujours été de servir de point de rencontre aux grands empires asiatiques.

La simple lecture de cette carte, dressée d'après des renseignements qui paraissent authentiques, peut débrouiller l'état de la frontière occidentale de l'Inde vers 975, au moment où elle va être effacée par la seconde grande poussée musulmane. A l'Est de cette ligne curieusement sinueuse s'étend encore, à peine entamé dans le Bas-Panjâb, l'Hindûstân proprement dit, toujours abrité derrière le désert de Thâr et les montagnes de la rive droite du moyen Indus. Du côté de l'Ouest tout dépend plus ou moins étroitement,. au Nord, des Sâmânides et, au Sud, des Bouides. Des premiers relèvent la Transoxiane avec Bokhârâ et Samarkand, et le Khorâsân avec ses quatre capitales de Balkh, Merv, Hérât et Nishapur, en y comprenant ses dépendances de Kâbul et du Séistân. Les seconds, qui dominent tout l'Irân sud-occidental, tiennent avec le Kirmân et le Makrân les routes méridionales du Sindh. Il ne faudrait d'ailleurs pas croire que le royaume des Shâhis hindous occupât effectivement tout le vaste territoire ainsi délimité sur la rive droite du moyen Indus. Nous voyons bien que, de l'Ouest à l'Est, il s'étendait depuis le Laghmân, sinon (comme le veut Férishtah) jusqu'au Satlaj, du moins jusqu'à la Biâs qui le séparait des États de Kanauj, et, du Nord au Sud, « depuis le Kaçmîr jusqu'au Multân ». Nous savons même par les témoignages chinois qu'il comprenait à présent l'Udiyâna (15). Mais sans doute la région montagneuse du Sud-Ouest était demeurée indépendante (cf. supra, p. 235); et, de toutes façons, les champions de l'Inde et sa grand-route se trouvaient coincés, ainsi que nous les dépeint si bien Kalhana, « comme entre un lion et un sanglier », entre les Turushkas (c'est-à-dire les Musulmans) au Sud et, au Nord, les Daradas, entendez les toujours farouches habitants du Nûristân actuel. A ce propos, nous pouvons même relever dans le Hudud-al-'Âlam un détail curieux et qui prouve bien que le premier soin des Musulmans avait été de s'emparer de la grande voie circulaire qui encercle le massif afghan sans s'inquiéter du reste. Soucieux avant tout d'assurer leurs communications entre Balkh et Kandahâr par Kâbul, ils s'étaient désintéressés de la vieille