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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0078 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 78 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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244   LES GRANDES INVASIONS

un petit mandarin nommé Wou-k'ong fut adjoint à l'escorte chargée de reconduire dans son pays un ambassadeur du Kapiça. A la vérité la mission ne s'aventura pas en Transoxiane et se résigna à prendre la difficile route de montagne déjà suivie par Fa-hien entre Khotân et le Gandhâra : mais nous constatons qu'arrivé dans ce dernier pays Wou-k'ong a tout loisir de tomber malade, de se rétablir, de se faire moine bouddhique, de visiter les principales places de pèlerinage de l'Inde et, quarante ans plus tard, de revenir par terre dans son pays natal. Au Kapiça, où le roi turc prétend toujours « descendre de la postérité de Kanishka » et au Gandhâra, où ce roi continue à avoir sa résidence d'hiver, le pèlerin « circule en adorant les saints vestiges » : et partout il nous montre les membres de la famille royale, roi, reine, dauphin et, à leur exemple, les ministres et les généraux, tous fort occupés tantôt à réparer les ruines laissées par les Hephtalites et dont, 130 ans plus tôt, la vue avait si fort affligé Hivan-tsang, tantôt à créer sous leur propre nom des fondations religieuses nouvelles. Le zèle des dévots donateurs s'étend même jusqu'au Kaçmîr où venait de s'achever le long règne glorieux de Lalitâditya, aidé de son ingénieux ministre le Tokhârien Çankuna et de hauts dignitaires en partie recrutés chez les « Çâhis », c'est-à-dire parmi l'aristocratie iranoturque du royaume voisin (6). C'est là du moins ce que nous rapporte l'historien-poète Kalhana : car désormais sa Râjataranginî ou Chronique royale du Kaçmîr vient utilement compléter les renseignements de source arabe ou chinoise pour nous aider à suivre les destinées de la dynastie qu'Al-bîrûnî continuera à regarder jusqu'au bout comme la lignée de Kanishka. Trois ou quatre des courtes générations indiennes se passeront encore sans qu'on nous signale aucun événement sensationnel : mais soudain l'entreprenante énergie d'un ancien chaudronnier du Séistân, Yâ qûbben-Laith, précipite les événements. Devenu gouverneur du Khorâsân, il annexe définitivement à l'Islam en l'an 87o-1 non seulement Bâmyân et Kâbul, mais encore le Zâbulistân et l'Ar-Rukkhâj, c'est-à-dire l'Arachôsie. En d'autre termes il force à se joindre les deux pinces de la tenaille dont nous parlions tout à l'heure et ferme la boucle du chemin circulaire qui, après avoir réuni les deux capitales orientales du Khorâsân, Hérât et Balkh, ramène à Hérât à travers l'Afghânistân oriental et le Séistân. Sans doute il ne s'était ouvert qu'un étroit passage entre les marches indiennes et l'îlot d'« infidèles » que va, pour longtemps, constituer le centre du massif afghan : mais la prise de possession de ce simple couloir n'en constituait pas moins un pas décisif vers la conquête ultérieure, par pénétration plus ou moins pacifique, de toute la région montagneuse ; et ce qui importait pour l'instant à Ya`qûb-ben-Laith était d'assurer ses communications à travers les montagnes qui coupaient en deux ses provinces. Pour nous, ce qui nous intéresse et nous surprend le plus dans cette affaire, c'est le changement de tracé, aussi brusque que durable, que subit la vieille route. A vrai dire, du côté du Nord, elle est restée fidèle à Bâmyân, et au Sud-Ouest, elle aboutit toujours au bac de Bust (Oaleh-é-Bist) sur l'Hêlmand : mais il n'est plus question pour elle de traverser, comme au temps de Hivan-tsang, le pays de Jâguda. Evidemment l'Hazârajât et la vallée de l'Arghand-âb ont paru aux envahisseurs morceaux trop coriaces pour être avalés du premier coup. Leur flot a préféré s'écouler vers le Sud par la ligne de moindre résistance et emprunter la voie parallèle, mais moins défendable et sans doute moins vigoureusement défendue parce que moins peuplée et moins riche, qui suit d'abord la rivière de Ghaznî, puis celle du Tarnak. Vous reconnaissez immédiatement dans ce nouvel itinéraire celui qui est resté en usage jusqu'à nos jours, au point de faire oublier l'autre (cf. la carte de la fig. 4). Trois villes le jalonnent dont les noms vont prendre désormais dans l'histoire une importance croissante, Kabul, Ghaznî et Kandahar. La première seule a droit ici à notre considération; les deux autres devront se contenter d'une note à l'index.

L'insistance avec laquelle tous les auteurs musulmans localisent les Shâhis turcs à Kabul