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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0092 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 92 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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258   LES PROPAGANDES RELIGIEUSES

religieuses de la péninsule indienne, si bien qu'elle forme à la fois le fond originel et le tenace liant de l'extraordinaire macédoine de rites et de croyances de tout acabit que l'on appelle d'un mot l'hindouisme (i3).

LE GRAND SEIGNEUR DE LA MONTAGNE. - Nous n'aurions aucun intérêt à remuer ici cette vase séculaire si d'elle ne surgissait sous nos yeux, tel un lotus de celle d'un étang, la grande divinité populaire du Nord-Ouest. Non que celle-ci soit une création d'un caractère original : ce n'est visiblement qu'une adaptation locale de l'un des deux partenaires du vieux couple primordial, source de toute fécondité et prototype de toute cosmogonie. Mais tandis que, dans des régions plus molles de l'Asie antérieure et de l'Inde, la Grande Déesse se poussait au premier rang, ici, sur les âpres cimes du Toit-du-Monde, le principe viril a gardé sa primauté dans la dévotion des rudes montagnards. N'ayant pas de nom propre, mais seulement des épithètes, il est par définition le « Grand Seigneur », Mahêçvara ; et les différentes étapes de son évolution, telle qu'il est aisé de la restituer, se meuvent toutes dans le cercle de mythes et de rites que nous venons de définir, depuis les plus grossiers jusqu'aux plus sublimes. Nous croyons voir sa personnalité divine se dégager peu à peu de la tourbe autochtone des lutins et des démons de la montagne et de la forêt, mais sans que jamais entre eux le lien originel se rompe : bon gré mal gré les mauvais esprits resteront jusqu'au bout son cortège et sa cour, de même qu'il ne pourra cesser d'être leur chef et maître; et il en ressort clairement qu'il a commencé sa carrière surnaturelle en qualité du « Chasseur sauvage », à l'arc redoutable, qui mène par monts et par vaux la meute hurlante de ses hordes diaboliques. Nous pouvons d'ailleurs nous attendre à lui voir revêtir tour à tour, au cours de son ascension, les aspects les plus contradictoires. Tantôt il est l'époux de la belle fille de l'Himâlaya, que son amour déchire et brûle plus qu'il ne la satisfait : tantôt il est l'ascète souverain qui emprunte aux crêtes des glaciers leur impassibilité inviolable ; et tantôt, repris soudain par les plus bas et féroces instincts de sa nature, il redevient le génie monstrueux de l'orgie, ivre et ityphallique, dont la danse échevelée, illuminée par l'éclair blanc de ses dents et scandée par le tonnerre de son rire macabre, piétine les débris croulants de l'univers. On sent assez qu'il mériterait à lui seul une monographie, et que cette monographie devrait le suivre dans tous les pays d'Orient : il n'est ici question que de réunir, comme contribution à son étude, les témoignages recueillis sur lui par les anciens voyageurs dans la région du Nord-Ouest de l'Inde.

Comme il fallait s'y attendre, Hivan-tsang n'a pas manqué, tant à l'aller qu'au retour, de le rencontrer sur sa route, lui et ses sectateurs. Le pèlerin n'est pas plus tôt arrivé à Kâpiçî qu'on lui montre de loin le sommet du Mont-Rouge (Aruna) sur lequel le dieu résidait jadis, mais qu'il avait eu des raisons particulières de quitter pour une résidence plus méridionale dans le pays de Jâguda, de l'autre côté du massif afghan, vers l'endroit où le fleuve Hêlmand sort des montagnes. C'est là qu'en effet, au moment' de reprendre définitivement le chemin de la Chine, Hivan-tsang nous décrit le temple, aussi fréquenté que vénéré, dont il a entendu parler avec révérence dans les pays d'alentour. De toutes parts les pèlerins y venaient chercher l'accomplissement de leurs voeux et apporter en échange leurs offrandes. Aussi les richesses du sanctuaire, qui avaient déjà excité la convoitise des empereurs sassanides, ne tarderont-elles pas à y attirer les raids des Musulmans dont les récits viennent confirmer les dires de notre voyageur (i4). Un trait de la physionomie du dieu sur lequel Hivan-tsang insiste fort judicieusement mérite particulièrement d'être relevé : c'est à savoir le mélange de sévérité et de bonté qui le caractérise, et qui est la définition même que tout Hindou qu'on interroge donne aujourd'hui de la plus terrible et la plus serviable de ses trois grandes divinités. Aussi bien le nom de Çuna que le Si-yu ki lui attribue n'est-il qu'un syno-