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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0065 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 65 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LES INVASIONS DES BARBARES   231

que jamais le grand voyageur dont la renommée, due autant à sa remarquable personnalité qu'à l'insigne faveur de l'empereur Harsha, fait l'hôte obligé de tous les monarques. Peut-être ses démonstrations de politesse étaient-elles encore inspirées par un autre motif et tendaient-elles à se faire bienvenir du Fils-du-Ciel, le grand empereur T'ai-tsong, auquel, deux ans auparavant, il avait expédié en présent des chevaux et une mangouste et dont il venait de voir passer une ambassade se rendant dans l'Inde (26). Est-ce le même ensemble de raisons qui détermina le roi de Kaçmîr à profiter du long séjour que Hivan-tsang faisait sur sa frontière occidentale pour venir en personne lui présenter ses adieux ? Le biographe, qui a fâcheusement oublié de nous donner son nom, nous assure que tel fut bien le but exprès de son déplacement : mais comme les relations entre les deux monarques voisins étaient évidemment des plus courtoises, nous sommes libres de croire que le Kaçmîrien avait d'autres raisons encore de venir et le Kapiçéen de l'attendre.

Le rôle d'hôte royal — nous en avons fait l'expérience — comporte des avantages fort appréciables : 'hais il ne faut pas être pressé. Le roi de Kapiça commence par garder Hivan-tsang « une cinquantaine de jours » dans le couvent voisin d'Udabhânda où il l'avait hospitalisé. Puis, les entrevues diplomatiques et les fêtes dont elles s'accompagnent terminées, il l'emmène avec lui dans une de ces tournées périodiques par lesquélles les despotes orientaux se savaient obligés de rafraîchir, dans le cœur et l'esprit de leurs sujets, le respect du pouvoir central et le souvenir des arriérés d'impôts. Tout d'abord, ils se rendent d'Und au Laghmân ; voyageant à loisir et réglant en route les affaires administratives (tout comme font encore de nos jours, dans chaque district de l'Inde et à chaque saison froide, les collectors ou commissioners anglais), ils y mirent un mois au lieu d'une semaine (27). Au Lampaka, nouvelle halte de soixante-quinze jours, sanctifiée par une fête de charité; puis quinze jours de marche vers le Sud, sans doute en suivant le même chemin qui avait déjà mené Fa-hien, par un col des « Montagnes neigeuses » (Safed-Kôh) et la vallée du Kurram, au pays de Pa-na (transcrit ici Fa-la-na), c'est-à-dire au Varnu ou Vârnava de Pânini, où le roi tint sans doute de nouveaux darbar (voir la carte de la fig. 39). Mais le Fa-la-na de Hivantsang, avec les 4.000 li de tour qu'il lui attribue, était sûrement beaucoup plus vaste que le Waziristân d'aujourd'hui et embrassait également (au moins dans la nomenclature du pèlerin) les vallées du Gômal (Gômatî) et de ses deux grands affluents, le Zhôb (Yavyâvatî) et le Kandar. Que la caravane officielle ait poussé fort loin dans la direction du Sud — au moins jusqu'à la hauteur de Déra-Ghâzi-Khân — nous n'en possédons qu'une preuve implicite, mais évidente : car c'est en marchant constamment « au Nord-Ouest » pendant 2.000 li (soit environ 600 km.) qu'après avoir franchi une grande montagne (le « Toba-Kâkar Range » de la carte anglaise) et traversé une large vallée (la grande coulée de la rivièré de Ghaznî et du Tarnak) « elle sortit enfin des frontières de l'Inde » et arriva (par la route toujours fréquentée de Kélât-é-Ghilzai ?) au pays de Ts'ao-kiu-tch'a, c'est-à-dire de Jâguda (28). Or, grâce à une chance extraordinaire, ce pays figure toujours sur nos cartes sous le nom à peine défiguré de Jaghuri. C'est aujourd'hui la haute vallée de l'Arghand-âb; et, en partant de ce jalon bien assuré, il nous sera relativement facile de repasser au Kapiça et, de là, en Bactriane.

Mais ne brûlons pas si vite les étapes : au Nord du pays de Jâguda nous sommes d'abord transportés en plein cœur du massif afghan, sur le versant méridional de la grande chaîne du Kôh-é-Bâbâ, dans la région où s'enchevêtrent les sources de l'Hêlmand, du Kâbul-rûd et des affluents de gauche du Logar. Est-ce un pandit de cour qui a donné à Hivan-tsang pour ce pays l'appellation de Vriji-sthâna, ou a-t-il lui-même une fois de plus cédé (cf. infra, p. 364) à un travers commun chez les apprentis indianistes, prompts à sanskritiser d'office tous les mots ? Toujours est-il qu'il a transcrit « Fo-li-shi-sa-tang-na », en se servant des mêmes caractères qu'il emploie à nouveau