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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0015 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 15 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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L'IMMIGRATION ARYENNE   i8z

tion presque irrésistible, c'est qu'il existe toujours dans la partie la moins enviable de l'aride Belûchistân un groupe de plus de cent vingt mille individus qui, à la différence de leurs voisins, persistent à employer une langue dravidienne (Io). Comment ne pas voir dans cet îlot linguistique, de toutes parts rongé par son milieu iranisant, la preuve encore vivante d'une ancienne occupation de l'Ariane par les ancêtres de nos Dravidiens actuels ?

Si l'élégance de cette solution peut séduire au premier abord, on s'aperçoit vite qu'elle prête le flanc à de nombreuses et graves critiques. Tout d'abord l'anthropologie — qui elle aussi a ses lois, encore que ses données numériques ne nous paraissent pas contenir tout le réel — nous apprend que les crânes trouvés à Mohen-jo-Daro appartiennent à des races diverses. D'autre part,

elle aurait constaté qu'il n'existe pas de type ethnique correspondant à la langue   et que
ceux qui la parlent se sont déjà assimilés à la population environnante et ainsi la réalité que nous croyions tenir, dès qu'on la presse, nous glisse entre les doigts. En troisième lieu, tant qu'on n'aura pas lu l'écriture employée sur les vieux cachets de Mohen-jo-Daro et de Harappa, nous resterons médiocrement renseignés sur ceux qui en faisaient usage ; et enfin, s'il est exact qu'un intervalle de dix à quinze siècles sépare la floraison de cette civilisation de l'immigration aryenne, encore moins savons-nous ce qui pouvait bien rester d'elle au moment de la dite immigration. C'est évidemment là le point faible du système ; et, à la faveur de cette lacune, les partisans de l'orthodoxie brahmanique auraient même beau jeu pour revenir à la charge. Bref, il est prudent de ne considérer à son tour la nouvelle théorie que comme une construction provisoire. Ce qui surnage de plus clair après le grand naufrage de l'ancienne, ce sont les deux quasi-évidences suivantes : tout d'abord, il serait enfantin de notre part d'imaginer que les tribus vêdiques aient encore rencontré dans la région du Nord-Ouest une population « primitive » ou simplement homogène; et en second lieu, de tous les envahisseurs de l'Inde dont nous ayons connaissance, il n'en est aucun qui ne puisse reprendre à son compte le fameux vers de la Kalhopanishad (I, 5) : « Beaucoup me suivent et beaucoup me précèdent... » : bien fin qui dira quel fut le premier et quel sera le dernier.

Les découvertes récentes suscitent donc encore plus de difficultés qu'elles n'en aplanissent et ne servent qu'à nous faire mieux apercevoir la complexité de la question. Mais s'il faut renoncer à tout savoir, s'ensuit-il que nous ne sachions rien et qu'en combinant les observations ethnographiques et les données archéologiques nous ne puissions retenir un certain nombre de vraisemblances ? C'est un fait que la région de l'Indus, y compris le Belûchistân, a été au troisième millénaire avant notre ère sous l'influence d'une civilisation déjà très avancée, apanage d'une population probablement dravidienne ou, si l'on préfère, suméro-dravidienne. Dès lors, il devient incontestable que les textes du Vêda ne doivent plus être pris au pied de la lettre quand ils témoignent d'un mépris si peu nuancé pour les prédécesseurs et adversaires des Aryens. A vrai dire, si l'on y regarde de près, ils reconnaissent implicitement qu'ils se sont heurtés à des villes (pur), puisque leur dieu Indra en est le pourfendeur (puram-dara) ; et si fort que leur poésie sacerdotale déforme les faits, nous croyons même volontiers qu'elle prouve l'existence d'une riche classe commerciale, celle des Panis, rien que par l'amertume avec laquelle elle stigmatise leur indifférence à l'endroit des sacrifices vêdiques et leur avarice à l'égard de ses officiants. Concédons de notre côté que, même en faisant la part belle aux préjugés de race, à l'intolérance religieuse et à l'ordinaire insolence du conquérant colonial, les épithètes dont les Aryens se servent pour caractériser les Dasyus paraissent difficiles à appliquer aux habitants des confortables cités, si bien tracées et si bien bâties, que nous ont révélées les fouilles. Il devient donc raisonnable de penser qu'avant leur venue, la « civilisation de l'Indus », dont les couches supérieures de Mohen-jo-Daro nous