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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0077 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 77 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LA CONQUÊTE MUSULMANE

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la conquête de la vallée de l'Indus en commençant par le delta (4). Des intrigues de cour — d'autres disent les menées vengeresses d'une princesse indienne — l'arrêtèrent en plein élan, et ce n'est qu'après bien des alternatives de revers et de succès pie les Musulmans finiront par s'établir solidement dans les deux principautés du Sindh et de Multân. Toutefois le massif afghan, avec les vallées qu'il abrite, nous apparaît déjà comme enserré entre les deux pinces d'une formidable tenaille : situation assurément précaire, mais beaucoup moins paradoxale qu'on ne pourrait croire et qui a des précédents. Déjà nous avons vu le royaume indo-grec du Kapiça, grâce à ses frontières naturelles, jouir d'une survie analogue alors qu'il était enveloppé, et de façon encore plus complète, par Çakas et Pahlavas : car, notez-le, la disgrâce et la mort de Mohamed Kâsim vont garantir les Shâhis turcs de Kâbul contre le mouvement tournant jadis exécuté par les Scytho-Parthes et que le général arabe n'aurait pas manqué de reprendre à son compte pour établir la communication nécessaire entre ses nouvelles possessions indiennes et le Khorâsân. Par le fait la complète conquête de la grand-route de l'Inde coûtera aux Musulmans plus de trois siècles et demi (664-1022) : et, comme la géographie ne perd jamais ses droits, elle se fera en deux étapes, d'abord celle du Haut-pays, puis celle de la Basse vallée.

LA CONQUÊTE DU HAUT-PAYS. — Que, dès 652, l'empire des Sassanides ait assouvi la première faim de conquêtes des enfants du désert, et qu'en 659 celui des T'ou-kiue ait fourni aux appétits des mandarins expansionnistes une viande beaucoup plus creuse, cela n'empêche nullement que le Tokhârestân ne vive encore et n'ait même gardé son prestige. Il continue, nous dit Ed. Chavannes, à être considéré « comme le centre administratif de toute la région, et c'est dans ce royaume qu'on place la stèle qui commémore la prise de possession par les Chinois des pays situés entre l'Oxus et l'Indus ». Bien entendu, c'est toujours un Turc qui règne à Kunduz et continue à se donner comme le successeur de Kanishka : le bassin même de la rivière de Kâbul ne tarde pas à passer au pouvoir de souverains de sa race, sinon de sa famille. En 718, une requête de son frère cadet adressée au trône chinois nous apprend que le puissant yabgu du Tokhârestân étend sa suzeraineté depuis les Portes-de-fer jusqu'au Zâbulistân et du Murgh-âb à l'Indus. En 727, une lettre de son fils « n'est, au contraire, qu'un long cri de détresse : son père a été fait prisonnier par les Arabes, et son peuple a été accablé par eux sous le poids de réquisitions énormes. » Mais apparemment il ne s'agit encore que d'une razzia sans lendemain; car l'empereur Hivan-tsong croit guérir tous ces maux par l'application d'un simple brevet d'investiture. Prenons avec la même philosophie les tribulations particulières du Kapiça. Dès 664, une première incursion l'aurait rendu tributaire des Arabes, mais pas pour longtemps : car on nous parle d'une seconde incursion qui finit mal pour ses auteurs (682), puis de deux nouvelles expéditions punitives menées l'une par le gouverneur du Séistân et l'autre par celui du Khorâsân, et finalement d'une alliance avec ce dernier, déterminé à son tour à la rébellion. Toujours est-il que pendant la première moitié du ville siècle, les rois du Kapiça se conduisent en vassaux, non des Khalifes, mais des Fils-du-Ciel qui en 705, 72o et 745 leur envoient brevets sur brevets (5). En 751, la protubérânce occidentale de l'empire chinois explose, nous l'avons dit, comme un ballon, sous le coup de poinçon d'un seul désastre sur le Talas : mais les guerres civiles entre Omayades et Abbassides, puis les luttes intestines qui suivirent la mort de Hârûn-al-Rashîd (809) et enfin la quasi indépendance du Khorâsân sous la pacifique dynastie des Tâhirides (820-870) vont assurer encore un répit de plus d'un siècle aux marches indiennes du Nord-Ouest.

Ici s'insère un intermède intéressant pour l'histoire de la civilisation. En cette même année 751 qui vit l'écrasante défaite du proconsul chinois des pays de l'Ouest et la fin de ses exactions,