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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0081 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 81 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LA CONQUÊTE MUSULMANE

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considérons la prospérité croissante et durable de Kâbul comme résultant uniquement du jeu des conditions politiques : d'excellentes raisons géographiques militent aussi en faveur de ce centre urbain. Nous avons déjà montré le Kapiça partagé entre deux cuvettes inégales. Bien que plus petite et moins fertile, celle de Kâbul, arrosée par ses deux rivières, a de tout temps nourri, comme celle qui lui est contiguë au Nord, une assez grosse agglomération. Aujourd'hui le bourg florissant de Charikâr a repris à son compte la fonction économique locale que remplissait jadis par surcroît Kâpiçî : de même, au temps où Kâpiçî florissait, Kâbul, en tant que marché distributeur de son district, devait être au moins aussi important que le bâzâr actuel de Charikâr. Ce que la nouvelle capitale pouvait ravir et a en effet ravi à l'ancienne (ainsi qu'à la bourgade qui a remplacé celle-ci), c'est le grand commerce avec l'étranger, d'un côté vers la Bactriane et de l'autre vers l'Inde. Mais, à ce propos même, n'oublions pas que Kâbul a été de tout temps placé sur la grande transversale Est-Ouest, qui menait droit de l'Arie au Gandhâra, non loin de son intersection avec la perpendiculaire Nord-Sud, allant du Kapiça à l'Arachôsie. Les renseignements qui nous ont été obligeamment fournis ci-dessus (p. 214 et suiv.) par Strabon et Ptolémée démontrent assez avec quelle aisance Kâbul a pu devenir et demeurer le carrefour par excellence de l'Afghânistân oriental.

LA CONQUÊTE DU BAS-PAYS. - Pour achever de remplir le programme que nous nous sommes tracé, il nous reste à donner un aperçu de la conquête par les Musulmans de la basse vallée de Kâbul et du pays de Taxila. Ce ne sera pas pour ces derniers une mince affaire : non moins de deux cent cinquante ans s'écouleront avant que cette annexion ne devienne à son tour définitive. De 872 à 1022, le bassin inférieur de la grande rivière, du Laghmân au Gandhâra, ainsi que le Panjâb septentrional, continueront à être gouvernés par des monarques indiens et même hindous, qui lutteront courageusement, quoique en vain, pour sauvegarder leur indépendance. Le dernier Shâhi turc, auquel Al-bîrûnî donne le nom de Lagh-Turmân (appellation dont la seconde partie rappelle aussitôt celle de l'Hephtalite Toramâna), avait été détrôné par son ministre qui était un brahmane, et dont nous savons par la Râjataranginî que le nom, écrit sur l'unique manuscrit arabe « Kallar », doit se lire « Lalliya » : car telle est la supériorité des écritures indiennes. On succomberait volontiers à la tentation de faire coïncider ce coup d'état avec la reddition de Kâbul, aggravée par l'apostasie du souverain turc, et d'y voir une sorte de réaction à la fois nationale et religieuse contre l'invasion islamique. Malheureusement pour un roman si bien agencé, les renseignements donnés par Al-bîrûnî à deux places différentes se prêtent mal à une combinaison de ce genre. Ils donnent plutôt à entendre que la déposition du roi turc par son vizir hindou fut un peu antérieure au coup de main de Yâ qûb-ben-Laith : c'est un simple gouverneur militaire (is/âhbadh) que celui-ci aurait fait prisonnier et converti dans Kâbul (ii). On conçoit d'ailleurs que, dans l'esprit des envahisseurs, la prise de la capitale d'été aurait dû entraîner automatiquement la soumission du Bas-pays : et c'est pourquoi Istakhrî, Ibn Haukal et, après eux, le Hudûd-al-'Âlam contestent la légitimité des rois hindous sous le prétexte qu'ils ne pouvaient plus être sacrés dans les « temples-à-idoles » de Kâbul ni prendre dans les eaux du Logar le bain de leur abhishêka. Leur capitale d'hiver n'était d'ailleurs plus Peshawar, mais Udabhânda : le grand port fluvial du Gandhâra se trouvait en effet beaucoup mieux placé pour leur permettre de surveiller à la fois les deux moitiés de leur royaume, coupé en son milieu par l'Indus : car le Kaçmîr, déchiré par des luttes intestines, avait dû leur abandonner ses provinces du Panjâb, sur la rive gauche du fleuve. Maîtres d'un vaste et riche domaine, mais privés par la perte du Kôhistân de Kâbul de leur boulevard naturel, les Shâhis hindous (ils avaient gardé le vieux titre