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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0028 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 28 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LES GRANDES INVASIONS

cours inférieur de l'Indus : mais il fallait commencer par l'explorer. Il chargea de ce soin « des gens
de confiance » qui équipèrent aussitôt une flotte et sans doute recrutèrent capitaines et matelots

chez les mêmes peuples qui devaient plus tard fournir les équipages de Néarque, « Phéniciens, Chypriotes, Égyptiens et Kariens ». A l'un de ces derniers, nommé Skylax, et aux récits qu'il fit, une fois de retour au pays, nous devons indirectement d'avoir conservé le souvenir de toute l'affaire ; mais il ne faut pas pour cela céder, comme on le fait parfois,. à la tentation de le promouvoir de façon rétrospective amiral en chef de l'expédition : s'il l'avait été, son quasi compatriote Hérodote n'aurait pas manqué de nous le dire. Pour l'amour de lui, le « Père de l'histoire » s'est mis en frais de renseignements topographiques et nous a même conservé le nom du port fluvial où il s'embarqua et qu'il faut lire, d'après la leçon conservée par le fragment no 179 d'Hékatée, « Kaspapyros ». Oubliant l'identification proposée (mais à la vérité non démontrée) par Cunningham, on a longuement et vainement tenté jusqu'ici de localiser cette ville. C'est qu'on la cherchait beaucoup trop au Nord, le plus haut possible sur l'Indus ou la rivière de Kâbul, voire (contre toute possibilité physique aussi bien que linguistique) dans la vallée de Kaçmîr. Oa ne prenait pas garde qu'à la date de 520, le cours supérieur de l'Indus, à partir de sa sortie des montagnes, était au pouvoir des Perses depuis une vingtaine d'années et qu'ils avaient eu tout loisir d'en dresser la carte. Le pays inexploré ne commençait vraiment pour eux qu'au-dessous du confluent des Cinq Rivières. Or, une ville importante, d'une antiquité reconnue et la seule que comporte l'économie du Bas-Panjâb,

facilement approvisionnée en bois flotté de l'Hydaspe par l'intermédiaire de l'Akésinès (Asiknî

ou (andrabhâga = Chinâb) et située près de l'endroit où l'Irâvatî (Râvî) se jetait alors dans cette dernière rivière (en temps de crue, la Râvî coule encore dans son ancien lit), se présente justement à nous, au cœur de la région où nous pouvions le mieux l'attendre, sous son vieux nom de Kassapapura (ski. Kâçyapa-pura), depuis échangé contre celui de Multân. Poussera qui voudra l'hypercriticisme jusqu'à se refuser à admettre l'identification qui nous est ainsi spontanément offerte : pour nous, nous l'acceptons d'autant plus volontiers que cette ville, située ni trop loin ni trop près de la pointe méridionale de la première avance persane, paraît tout indiquée pour servir de base de départ à la seconde. On peut même noter à ce propos que les gens du pays ont toujours considéré le Chinâb comme l'artère centrale du réseau fluvial du Panjâb, chargée de convoyer à l'Indus les eaux réunies des autres rivières (8).

Là donc, près de Multân — peut-être (tant les faits géographiques ont parfois de persis-

tance) à partir des chantiers actuels de Shêr-shâh, un peu en aval de la ville, sur la rive gauche du Chinâb et à côté du pont du Sindh-Sagar Railway — appareilla en 519 avant J.-C. la flottille de Darius; et quand, deux ans et demi plus tard, elle rejoignit ce monarque en Égypte — à l'endroit même, stipule Hérodote, d'où le Pharaon Néchao avait expédié ses navigateurs phéniciens pour exécuter le périple de l'Afrique — elle l'y trouva en train de rouvrir le canal entre le Nil et la mer Rouge, afin (comme il dit dans son inscription de Suez) que les navires pussent voguer des rivages de l'Ionie jusqu'à ceux de la Perse. Ceci complétait cela, et ce gigantesque travail était le complément naturel de l'exploration précédemment ordonnée de la route maritime entre le golfe Persique et le golfe Arabique. Maître à la fois des ports égyptiens de la mer Rouge et, « après avoir soumis les Indiens », de toute la ligne de côtes qui s'étend des bouches de l'Euphrate et du Tigre jusqu'au delta de l'Indus, il put en effet, comme le remarque Hérodote, « se servir en toute sécurité de la mer Érythrée »; et ses vaisseaux devinrent libres d'aller sans rompre charge depuis la riche Colchide, au fond du Pont-Euxin, jusqu'à la nouvelle satrapie du Sindh (Hindu), non moins célèbre pour son énorme tribut de poudre d'or. En vérité, on ne peut qu'admirer l'ampleur de ces desseins et la vigueur organisatrice qui menait de front leur exécution. Les incessantes tournées impériales qui

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