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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0020 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 20 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LES GRANDES INVASIONS

Que les Indo-Aryens les aient également utilisés, tout vêdisant devra l'admettre puisque, par chance, un hymne du Rig-Vêda (X, 75), consacré à la louange des rivières, nous a conservé la mention de la Krumu et de la Gômatî. Il est seulement fâcheux que le poète cite encore d'autres cours d'eau dont le nom, ou bien ne se retrouve pas sur nos cartes, ou bien s'y retrouve à deux places à la fois. Ce dernier cas est justement celui de la Gômatî qui reparaît comme affluent du Gange (Goumtî), et aussi de la Sarasvatî qui, sous sa forme indienne, marque la limite orientale du Panjâb et, sous sa forme iranienne de Harahvaitî, arrose l'Arachôsie. Mais ici, secondée ou non par la linguistique, la géographie demeure nettement affirmative, et elle se refusera toujours à admettre que les IndoAryens se soient arrêtés court sur le seuil de cette dernière contrée, en soi si désirable, et se soient abstenus de l'occuper alors qu'ils en tenaient tous les abords. De cette occupation les textes postérieurs nous apportent d'ailleurs la preuve rétrospective : a'ux environs du début de notre ère, alors que l'Arachôsie avec ses dépendances était depuis six siècles une province perse, grecque ou scythe, les Parthes continuaient à la désigner sous le nom d'« Inde blanche » (18). Est-ce à dire à présent, ainsi que ce fait nous inviterait à le supposer, qu'aux trois grandes voies d'accès à l'Indus que nous venons d'énumérer, celles de la Kubhâ, de la Krumu et de la Gômatî (19), il faille encore ajouter celle qui, plus au Sud, par la passe de Bolân, conduisait droit aux villes étagées qu'ont recouvertes jusqu'à nos jours les tertres de Mohen-jo-Daro ? Il nous faut être très circonspects. sur ce point. Ce qui commande nos hésitations, ce n'est pas tant la longueur et les obstacles plus considérables de cette route : ces difficultés, comme nous allons voir dans un instant, n'ont pas rebuté d'autres envahisseurs. Mais tout ce que l'on sait de l'ethnographie du Sindh donne à penser que l'infiltration indo-aryenne s'y est faite par le Nord, au fil du grand fleuve, et que la trouée aujourd'hui gardée par la place forte de Quetta n'a dû être utilisée que de façon très subsidiaire par les tribus védiques. Que le Sindh ait été « brahmanisé » comme le reste de la péninsule, et à quel point il le fut, nous le saurons bientôt par les historiens d'Alexandre (infra, p. 195) : mais il est non moins certain qu'il n'ajama is été « aryanisé » comme le Panjâb.

INDE, IRAN ET TÛRAN. - Cette laborieuse et quelque peu discursive discussion des données de la protohistoire nous a du moins rendu le service de mieux définir le théâtre et les acteurs du grand drame historique qui va se dérouler sous nos yeux. Certes, il nous faut attendre bien des siècles avant que le rideau ne se lève vraiment pour nous; et cela est fort heureux pour notre exposé théorique : car il est de toute nécessité de laisser à ces deux rameaux de la race aryenne, qui viennent seulement de se séparer, le temps de devenir dans leurs domaines respectifs, les uns de plus en plus Iraniens et les autres de plus en plus Indiens. Mais dès lors les jeux sont faits et l'enjeu marqué. Le vaste territoire situé au Nord et à l'Ouest du massif afghan, Sogdiane, Bactriane, Margiane, Arie, Drangiane, tout ce qu'on appellera le Khorâsân est et, en principe, restera iranien. Au contraire, les contrées non moins vastes situées au Sud-Est du même massif, à commencer par le Panjâb, sont devenues et demeureront, au moins nominalement, indiennes. Jusqu'à présent nous n'avons considéré, comme d'usage, que ces deux greniers du monde et le ruban de route qui les reliait. Nous venons seulement de nous apercevoir de l'impardonnable distraction que nous avions commise en négligeant une troisième région, insérée entre les deux autres, de dimensions plus réduites, mais encore intéressante économiquement, et dont le coeur s'appelait l'Arachôsie. Il n'y a pas que le bassin de l'Oxus et celui de l'Indus : il y a aussi celui de l'Hêlmand avec tout son chevelu d'affluents, sorte de réplique en miniature du Pânjâb, et dont toute la partie orientale a été colonisée comme lui, et en même temps que lui, par les Indo-Aryens. Mais si ce pays, coincé entre les ramifications de l'Hindûkush et celles des Monts Suléimân, est fortement protégé sur ses