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0089 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 89 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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LES CULTES IOCAUX   255

aurait décidé d'y faire à la veille de son Pari-nirvâna; et de son côté, Sylvain Lévi a mis à la disposition des chercheurs des listes des différentes sortes de génies, surtout Yakshas ou Nâgas, qui sont les protecteurs attitrés de tous les pays que nous avons énumérés ci-dessus (4). En fait, les noms surabondent : ce qui manque ce sont les précisions nécessaires pour les localiser exactement.

Ce n'est d'ailleurs pas ici le lieu de rassembler en un faisceau toutes les informations relatives au culte des Esprits dans la région indo-iranienne : il suffit pour l'instant de constater que nous atteignons avec eux une couche de croyances immémoriales et quasi impérissables, de bien des siècles antérieures à l'introduction du bouddhisme, encore que ce soient les textes bouddhiques qui nous les révèlent dans toute leur ampleur. Si par exemple les Nâgas ou génies-serpents n'avaient pas de toute antiquité hanté les lacs, les rivières et les fontaines du Kapiça comme ils sont encore censés faire au Kaçmîr, il est évident qu'on n'aurait jamais inventé de faire venir le Buddha — lui qui n'a jamais quitté la partie moyenne du bassin du Gange — jusque sur la rive droite de l'Indus tout exprès pour les amener à résipiscence; et d'autre part, les missionnaires du nouveau Dharma n'auraient jamais pu pour les besoins de leur propagande transplanter avec tant d'aisance sur la frontière du Nord-Ouest les légendes de l'Inde centrale, si celles-ci n'y avaient trouvé un terrain tout préparé d'avance. Le cas du fameux Nâga Apalâla que le Buddha eut tant de mal à dompter et dont la conversion forcée paraît avoir été transportée, drame et personnages, du Magadha à la source du Svât, est un exemple topique à ce double point de vue (5) ; mais il est loin d'être le seul, et chacun d'eux demanderait une étude spéciale. Bornons-nous à rappeler rapidement les noms et les séjours des principaux Nâgas que nous avons, après Hivan-tsang, rencontrés sur notre route ou à ses abords immédiats. Ils sont au nombre de trois et les deux premiers, devenus serpents par dépit et désir de vengeance, sont naturellement malfaisants. C'est d'abord, au Kapiça même, l'ancien moinillon anonyme avec lequel le roi Kanishka et ses ingénieurs hydrographes eurent maille à partir pour mettre couvent et stûpa à l'abri de ses inondations périodiques (supra, p.1.42). C'est ensuite, près de Nagarahâra, l'ex-laitier Gôpâla que le Buddha en personne vint convertir et dans la caverne duquel il laissa son ombre (supra, p. 152). Enfin, entre Udabhânda et Taxila, les belles sources jaillissantes de Hasan-Abdâl (supra, p. 42 et 156) marquent toujours la demeure du fameux Elâpatra, connu aussi bien de la légende épique que bouddhique (6).

Il va de soi qu'à côté des génies des eaux les Yaksha, ou génies de l'air, et leurs compagnes, les Yakshî ou fées, ne tenaient pas moins de place dans les superstitions populaires du Nord-Ouest. En désire-t-on quelques preuves ? La constante présence sur les bas-reliefs gandhâriens d'une sorte de garde du corps armé d'un foudre, et qui ne quitte pas le Buddha plus que son ombre, a dès longtemps paru ne s'expliquer que par l'affleurement dans l'art d'une croyance généralement répandue en l'existence d'une déité protectrice — yaksha, daimôn, genius, Jravarti ou ange gardien, de quelque nom qu'on l'appelle — attachée au service de tout grand personnage et qui passait pour être née en même temps que lui. Le rôle considérable de ce Vajrapâni dans l'iconographie gréco-bouddhique a même donné à penser que cette notion était particulièrement vivace dans la région qui nous intéresse ; et c'est en effet aux conceptions iraniennes qu'on a cru pouvoir le mieux la rattacher (7). Par ailleurs les Yakshas se révèlent, tout comme les Nâgas, tantôt comme les fléaux, tantôt comme les patrons de telle ou telle localité. La relation de Hivan-tsang est pleine de la frayeur qu'inspiraient aux voyageurs les démons de la montagne, les mêmes que ces piçâéa dont la seule évocation terrorise encore les citadins de Çrînagar. Le pèlerin n'ignore pas davantage cette variété particulièrement redoutée d'esprits malfaisants, propagateurs des épidémies, qui décimaient (on disait « dévoraient ») les habitants des cités, à commencer par leur progéniture : c'est à lui que nous devons d'avoir pu signaler, il y a un instant, le transfert au Gandhâra de la