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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0014 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2
インドからバクトリアのタキシラに到る古道 : vol.2
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.2 / 14 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000237
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18o   LES GRANDES INVASIONS

d'en douter — encore que la méthode des mensurations nous paraisse plus propre à noyer dans le grisé des moyennes qu'à faire ressortir en pleine lumière les résurgences caractéristiques des types.

LES ENVAHIS. Il y a seulement une vingtaine d'années, aucun indianiste ;n'aurait songé à pousser plus avant, et la plupart même auraient considéré qu'il était bien inutile de tant s'agiter au sujet d'une question à laquelle la tradition écrite avait depuis longtemps apporté une solution toute faite. Les poètes du Rig-Vêda n'avaient-ils pas pris la peine de nous décrire, sans complaisance mais avec précision, la couche ethnique primitive qu'ils avaient rencontrée devant eux ? Il suffisait d'imaginer d'après eux, sur toute l'étendue de la péninsule, un semis de peuplades noires et stupides, sans nez, sans lois, sans dieux, ou n'ayant pour dieux que des fétiches obscènes. Dans cette sorte de Papouasie préhistorique, les tribus aryennes étaient venues apporter, à l'aurore des temps, l'intelligence et la vertu indo-européennes; et de leur bible, les Vêdas, était peu à peu sortie toute l'Inde, avec ses castes, ses religions et ses littératures, comme le chêne sort du gland. Telle était du moins la théorie orthodoxe que les brahmanes avaient transmise à la fin du xvme siècle aux premiers chercheurs européens et dont l'orgueil déjà « raciste » des romantiques allemands avait encore exagéré l'altière simplicité. C'est à peine si les meilleurs esprits osaient exprimer un doute et suggérer timidement, avant de rentrer aussitôt dans l'ordre, que l'Inde ne dérivait pas tout entière du seul Vêda (8). Nous n'ayons aucun mérite à montrer aujourd'hui plus d'audace car, entre 1922 et 1927, les fouilles de Sir John Marshall à Mohen-jo-Daro et à Harappa, et, depuis lors, la prospection de maints sites analogues, ont définitivement établi l'existence dans le bassin de l'Indus, trois mille ans avant notre ère, d'une civilisation urbaine très développée, possédant une écriture, ayant le sens du « confort moderne », s'adonnant au commerce, et par ailleurs apparentée à celles qui florissaient vers le même temps en Élam et en Chaldée. Et cette civilisation n'était pas seulement, au moins si on l'envisage du point de vue matériel, supérieure à celle des tribus védiques, elle était aussi de bien des . siècles antérieure à leur immigration (9).

Dès lors, il n'est plus vrai, et nul n'osera plus désormais prétendre (si flatteuse que fût l'hypothèse pour notre amour-propre européen) que les « Indo-Germains » aient été les premiers êtres moraux et pensants qui se soient établis dans l'Inde. Mais ce point acquis ne fait que compliquer la question, et nous restons confrontés avec la difficulté d'édifier une théorie meilleure en utilisant à la fois les données nouvelles de l'archéologie et les matériaux encore solides de la mirifique construction qui vient de s'écrouler sous nos yeux. Bon gré, mal gré, il nous faudra retenir à la base du système un premier fonds, lui-même mélangé, de soi-disant « primitifs » plus. ou moins négroïdes, les Dasyus du Vêda, les Éthiopiens orientaux d'Homère et d'Hérodote, et les Gonds, Kols, Santals, Mundas, etc., des anthropologues contemporains : nous en avons absolument besoin, tant pour rendre compte de leur actuelle survivance au fond des djangles indiennes que pour noircir par métissage le teint des envahisseurs, aryens ou autres. Ce que nous avons gagné de plus, c'est une seconde couche de population pré-aryenne, superposée à la première, celle-ci civilisée, et à laquelle il ne s'agit plus que de donner un nom. Si l'on considère que la pénétration des Indo-Aryens s'est faite par le Nord-Ouest et que les pré-aryens civilisés ont dû par suite refluer vers le Sud-Est, tandis que les « sauvages » se réfugiaient dans les repaires montagneux et forestiers où ils sont encore, on est grandement tenté de donner aux gens du bassin de l'Indus, d'où qu'ils vinssent, le nom des populations que nous trouvons aujourd'hui entassées dans le cul-de-sac de la péninsule, à savoir celui de Dravidiens : car, ainsi, nous aurions au moins obtenu ce résultat de rendre compte du fait capital qui domine toute l'ethnographie indienne, nous voulons dire la distinction entre l'Hindfistân aryanisé et le Dékkhân dravidianisé. Ce qui rend la tenta-