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Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 | |
1890-1895年の高地アジアにおける科学調査 : vol.2 |
LE TURKESTAN CHINOIS ET SES HABITANTS. 243
il faut que ces saints soient considérés comme y étant ensevelis; pour satisfaire à la superstition populaire les mollas ont été obligés de fabriquer des légendes permettant de faire mourir en Kachgarie une foule de défenseurs de la foi, qui sont authentiquement morts en Arabie, en Mésopotamie ou en Perse. J'irai plus loin et je crois pouvoir poser en principe que ces mazârs recouvrent les tombes des anciens princes du pays. En effet, nous savons qu'à Khotan, lorsque le bouddhisme y était déjà triomphant, le roi était enterré dans un lieu désert, que sur sa tombe on édifiait un temple où l'on accomplissait â époque fixe des sacrifices en l'honneur du mort, devenu dieu tutélaire de la cité. Or, les mazârs sont également situés dans des lieux déserts, les saints qui y reposent sont traités de padichcihim, notre souverain, leurs légendes en font presque toujours des princes et leur attribuent beaucoup plus de prouesses guerrières que d'actes de piété. Les indigènes ont conservé, après l'introduction de l'islamisme, l'habitude de rendre un culte religieux à la mémoire de leurs princes les plus remarquables. Ainsi Abou Bekr, qui fut un grand coquin et qui périt sous les coups de vrais croyants, est devenu un saint martyr des cheikhs font le repas sacré en son honneur, et sa tombe, ornée de tough, est un but de pèlerinage. Le mazâr le plus magnifique et le plus révéré de tout le Turkestan est celui de Hazret Apak, qui régna à Kâchgar au xvne siècle, et qui ne méritait point tant d'égards au point de vue religieux.
Au reste le culte des ancêtres était très général dans la Kachgarie primitive et de la plus haute importance. Si nous pouvions remonter par une série de documents clairs et sûrs A l'origine de la famille, nous trouverions sans doute å la base de son organisation le culte des ancêtres et du foyer domestique. A défaut (le preuves directes suffisantes, il subsiste encore aujourd'hui assez de traces des coutumes antiques pour faire de cette proposition autre chose qu'une conjecture sans fondement. Ces survivances semblent se rattacher en majorité aux vieux usages turcs, soit que les Turcs aient imposé leurs propres pratiques aux Aryens du Tourân oriental, soit que, les croyances relatives à la religion domestique étant analogues chez les deux peuples, cer-
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