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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0351 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
1890-1895年の高地アジアにおける科学調査 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / 351 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000197
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LE TIBET ET SES HABITANTS.   325

en se tortillant • des hanches. J'ai signalé ailleurs ů quel point' ils s'étaient accommodés â l'altitude excessive de leur pays, qui n'a pour eux aucun inconvénient. Grâce à cette accommodation ils peuvent supporter sans trop de peine de longues marches et se livrer â des courses rapides dont peu d'Européens seraient capables en de semblables montagnes. Cependant je n'ai pas éprouvé que les Tibétains fussént plus résistants que nous å la fatigue et plus endurants de la souffrance que nous .ne le sommes, c'est plutôt le contraire qui est vrai, car s'ils ont le corps moins délicat, ils n'ont pas un ressort moral aussi puissant.

C'est peut-étre une entreprise assez illusoire que d'essayer de tracer un portrait moral du Tibétain. Les rares caractères qui sont communs â tous les habitants du Tibet et à eux seuls ne sont nullement constitutifs de l'âme tibétaine, mais simplement surajoutés, résultant des antécédents historiques et des conditions sociales et politiques. En général, on peut dire que le Tibétain est d'une douceur non exempte d'hypocrisie ; il est faible, timide, obséquieux et défiant comme tous les. faibles. C'est lâ une conséquence du gouvernement clérical, qui lui est imposé, gouvernement tyrannique, sectaire, soupçonneux, tremblant de voir l'autorité lui échapper, attentif à maintenir chacun dans une dépendance servile et faisant de l'espionnage et de la délation mutuelle la base de l'édifice social. La peur plane sur le Tibet entier, le gouvernement craint ses sujets, et les sujets leur gouvernement, chacun redoute son voisin, son ennemi et son ami, le particulier s'effraye du pouvoir arbitraire du fonctionnaire et du lama, ceux-ci tremblent devant leurs supérieurs, lesquels â leur tour sont sans cesse inquiets des sourdes intrigues qu'ils découvrent ou supposent chez leurs inférieurs. La peur conduit ordinairement ů la cruauté et cela explique la fréquence des meurtres et surtout des empoisonnements, ainsi que la barbarie des supplices que les Tibétains font subir à leurs condamnés; ce n'est point que leur coeur soit naturellement dur et fermé à la pitié. Il va de soi que les Tibétains montrent encore plus de défiance à l'égard des étrangers que de leurs compatriotes et c'est pour cela qu'il est si difficile de tirer d'eux le moindre renseignement. Mais